Les pneumonies atypiques d’hier et d’aujourd’hui

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

J’étais externe à l’Hôpital des enfants de Bordeaux en 1949 lorsque notre « patron » arriva un matin : « Les enfants, voilà une nouvelle pneumonie atypique. » Il y en avait déjà eu. Et aujourd’hui, plus de cinquante ans après, il y en a encore. Ce ne sont évidemment pas les mêmes maladies, mais elles sont comparables. Il s’agit toujours de pathologies pulmonaires échappant aux tableaux précédemment connus. À vrai dire, ces maladies nouvelles ressemblent à la grippe. Et même si nous disposons d’un vaccin depuis plus de cinquante ans, la grippe tue toujours chaque année des milliers de personnes, sans susciter d’agitation médiatique.
Les malades atteints de pneumonies atypiques (PAT), aujourd’hui comme hier, ont de la fièvre, une gêne respiratoire, une toux pénible et douloureuse, avec parfois des douleurs musculaires diffuses. Même les signes radiologiques ressemblent à ceux de toutes les pneumopathies « virales ». L’argument diagnostique le plus important de la PAT 2003 est d’avoir été en contact avec un malade dans les quinze jours précédents.
Les PAT « d’autrefois » étaient souvent à l’origine de petites épidémies géographiquement localisées. Elles n’étaient pas mondiales. Peut-être parce que les virus étaient moins contagieux et les voyages aériens moins nombreux. Peut-être parce que les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’étaient pas aussi coordonnées, peut-être parce que nous étions moins informés. Peut-être aussi qu’en 1950 quelques dizaines de morts en Extrême-Orient n’auraient guère attiré l’attention, alors que se terminait une guerre mondiale ayant fait des millions de morts.
Chaque épidémie de PAT attirait cependant l’attention des médecins. Les laboratoires recherchaient les causes de la maladie. Ainsi a-t-on pu reconnaître successivement la responsabilité de germes (comme les mycoplasmes), de ricketsies (fièvre Q), des virus de l’ornithose et de la psittacose (dont les réservoirs sont des oiseaux), des virus APC, notamment ceux de certaines angines, et d’autres encore pour lesquels on dispose maintenant de moyens de diagnostic sérologique (par prise de sang). Parmi les virus déjà reconnus à l’origine de petites épidémies, on trouve un coronavirus isolé en 1965. C’est un autre de ces coronavirus, plus virulent et plus transmissible, qui serait à l’origine de la PAT 2003. Les formes graves sont probablement dues à une charge importante de virus en raison d’un contact prolongé avec un malade. Cependant le taux de mortalité – environ 5 % – ne devrait pas susciter de psychose.
Qu’est-ce qui distingue donc la PAT 2003 des précédentes ? Probablement un virus plus contagieux, une diffusion mondiale grâce à l’avion, des statistiques instantanément connues de tous grâce à Internet, et une forte médiatisation de la maladie. D’où une crainte démesurée et absurde conduisant à arrêter des trains en rase campagne ou à interdire d’école des enfants innocents de toute contagion.

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