Pourquoi le Ghana exclut d’emprunter au FMI

Le ministère ghanéen des Finances refuse de solliciter le FMI à nouveau et s’en prend aux agences de notation internationales.

Nana Akufo Addo, président de la République du Ghana, le 17 février 2022. © Romain GAILLARD/POOL/SIPA

Publié le 24 février 2022 Lecture : 4 minutes.

Au chevet des finances fragiles du Ghana, deux traitements sont envisagés : un ancien ministre des Finances et plusieurs banquiers appellent à la conclusion d’un accord avec le FMI. De son côté, le Trésor ghanéen s’y oppose fermement, brandissant la fierté nationale, même si la stratégie fiscale privilégiée pourrait avoir un prix politique élevé.

Le ministre des Finances, Ken Ofori-Atta, mise sur l’augmentation des recettes grâce à une taxe sur les transactions électroniques (« E-Levy »), jugée impopulaire au sein de la sphère politique, et qui doit encore être adoptée par le Parlement. Pour l’exécutif, l’augmentation des recettes fiscales et les réductions drastiques des dépenses publiques promises permettront au gouvernement d’assurer le service de sa dette.

Les agences de notation pointées du doigt

Ken Ofori-Atta et l’administration des Finances s’en sont aussi pris aux agences de notation internationales qui ont remis en question les perspectives économiques du Ghana. Moody’s a abaissé la note de la dette senior non garantie de « B3 » [catégorie de dette « hautement spéculative »] à « Caa1 » [« risques substantiels de défaut »]. L’agence prévoit que les ratios d’endettement du pays continueront à se détériorer à court terme. « Moody’s estime que la dette publique a atteint 80 % du PIB à la fin de l’année 2021 tandis que les paiements d’intérêts ont usé jusqu’à la moitié des recettes publiques cette année-là « , indique l’agence de notation.

Fitch, autre agence internationale, a également abaissé la notation en devises étrangères du Ghana de « B » à « B-« , avec des perspectives négatives. L’agence estime que le pays ne sera pas en mesure d’emprunter sur les marchés internationaux des capitaux cette année, voire même l’année prochaine, et considère que ses réserves de change sont désormais dépendantes de l’émission d’eurobonds. « En juillet 2021, les investisseurs non résidents détenaient un peu moins de 20 % (5,8 milliards de dollars) de l’encours de la dette publique nationale du Ghana », indique son rapport. « Bien que l’échéance de ces avoirs soit à long terme, une sortie de capitaux exercerait une pression à la baisse supplémentaire sur les réserves du Ghana. »

Le gouvernement explique qu’il peut collecter davantage de recettes fiscales pour combler le déficit financier

Ken Ofori-Atta et son équipe contestent les dernières notations, considérant la décision de Moody’s « entièrement basée sur un exercice bureaucratique, des discussions virtuelles et ce que nous pensons être l’omission de données critiques ».

« Le gouvernement ghanéen est donc totalement perplexe face à la décision d’abaisser la note de crédit du Ghana à « Caa1 », malgré la série d’engagements progressifs que nous avons pris avec l’équipe de Moody’s« , a déclaré le ministère des Finances dans un communiqué, soutenant que la qualité de ses données et l’engagement du gouvernement à réduire les dépenses de 20 % témoignaient d’un programme budgétaire crédible.

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