Les Etats-Unis boudent Le Bourget

L’administration Bush aurait recommandé aux industriels américains de limiter leur présence au salon français, à la mi-juin.

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Héritée de la crise irakienne, la défiance des États-Unis envers la France pourrait faire une nouvelle victime : la 45e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace, organisée au Bourget (France) du 15 au 22 juin prochain. Dans une longue enquête publiée mi-mai, l’hebdomadaire américain Aviation Week & Space Technology constate que le premier rendez-vous mondial du secteur pourrait être snobé par l’industrie aéronautique américaine. Si de nombreuses explications économiques (crise dans le transport aérien, baisse d’activité pour les principaux équipementiers, coût élevé de participation au salon) ou sécuritaires (menaces terroristes sur les personnels ou les matériels) sont avancées par plusieurs grands patrons, ces derniers auraient également reçu indirectement pour consigne, de la part de l’administration Bush, « de limiter leur présence, sans toutefois rompre les liens ». Une façon pour la Maison Blanche de punir Paris de son indocilité dans la gestion du conflit irakien et « de rappeler la France à ses devoirs de pays allié ».
L’annonce faite, le 24 avril dernier, par le Pentagone, de réduire considérablement sa présence au prochain salon du Bourget (aucune démonstration d’avions américains, aucun représentant militaire au-dessus du grade de colonel), a pesé lourd dans la prise de décision des grandes sociétés américaines. Notamment pour les plus importantes, celles dont le chiffre d’affaires reste très fortement dépendant des commandes de l’État fédéral. Le Département américain de la Défense n’exposera que six appareils, soit moitié moins que les années précédentes et a appelé les compagnies « à montrer leur mécontentement en refusant d’exhiber leurs derniers matériels ».
Cinq compagnies ont déjà clairement annoncé qu’elles ne feront pas le déplacement à Paris, dont certains géants comme General Dynamic ou Gulfstream Aerospace. Les autres se contentent d’annoncer une réduction de leur participation pour satisfaire aux pressions du gouvernement américain. La plupart semblent néanmoins contraintes de suivre le mouvement et n’abandonnent pas la scène parisienne de gaieté de coeur. Les industriels américains ne peuvent se payer le luxe d’être totalement absents de ce rendez-vous de premier ordre pour le secteur. Pas question d’abandonner le terrain commercial, surtout dans une période aussi économiquement aléatoire.
Les responsables américains rappellent d’ailleurs que les firmes aéronautiques européennes et américaines sont aujourd’hui fortement liées dans des partenariats transatlantiques, « qu’aucun dirigeant américain ne veut voir remettre en cause ». Même pour donner une leçon à la France.
Du côté français, on reste confiant, préférant s’en tenir à des considérations purement économiques. Selon les organisateurs, l’édition 2003 devrait pouvoir compter, tout de même, sur la participation de cent quatre-vingts entreprises américaines.

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