Isselmou Ould Abdel Kader: « Préserver nos valeurs »

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme Nommé en novembre 2001, Isselmou Ould Abdel Kader, 53 ans, est diplômé de troisième cycle en économie de l’université d’Orléans (France) et de l’École nationale d’administration (ENA). Il a été wali (préfet) dans plusieurs régions du pays et directeur de tutelle des organismes dépendants du ministère de l’Intérieur, des Postes et des Télécommunications.
J.A./L’INTELLIGENT : Verrons-nous un jour la Mauritanie devenir un pays touristique ?
Isselmou Ould Abdel Kader : La Mauritanie reste une destination méconnue. Il y a seulement quatre ou cinq ans, elle était comme recroquevillée sur elle-même. Avant 1996, année du premier vol charter, on ne comptait même pas le nombre de visiteurs. Ils ont été 13 000 à emprunter ces vols en 2000, 51 000 en 2001, puis 76 000 en 2002. Ces charters viennent aujourd’hui principalement de France.
Ce n’est tout de même pas beaucoup…
Il faut ajouter à cela les émigrés qui reviennent d’Europe pour des séjours d’une semaine à un mois. Enfin, nous recevons entre 800 000 et 1 million de touristes religieux chaque année, en provenance de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal et du Nigeria. Toutes les confréries religieuses d’Afrique de l’Ouest et centrale ont leur origine en Mauritanie. On peut citer parmi elles la Qadiriya, la Tidjaniya, la Fadiliya, la Hamawiya.
Quel développement envisagez-vous ?
Nous sommes une génération d’hommes du désert qui savent partager et respecter l’autre. Il faudrait évidemment que nous puissions maîtriser le développement touristique et évoluer en conservant les valeurs qui font notre spécificité, tout en sachant que le tourisme est comme une pièce de monnaie : il a deux faces. Nous ne pouvons pas en éviter les aspects négatifs. Notre atout, c’est le tourisme de contemplation, auquel les Occidentaux souhaitent s’adonner. Quand on va dans le désert d’El Mejabaat el Kobra, à l’est de Chinguetti, un océan de dunes, c’est une cure psychologique…
Notre programme consiste à mettre en valeur les villes anciennes, à protéger l’environnement pour que notre désert demeure propre, à préserver la salubrité de notre société, nos valeurs d’hospitalité, de générosité et de paix. Nous devons aussi mettre en avant les parcs naturels, comme celui du banc d’Arguin, et développer les activités écotouristiques, y compris autour des oasis. Et puis nous avons évidemment des atouts balnéaires. Les plages proches de Nouadhibou bénéficient d’un climat relativement stable toute l’année. Nous développons par ailleurs le tourisme intérieur, estival et d’hivernage, qui permet le brassage des ethnies et favorise l’unité nationale.
Quelles sont vos premières mesures ?
Nous venons de créer l’Office national du tourisme [une femme, Cissé bent Cheikh Boide, a été nommée à sa tête, NDLR]. Il a pour mission d’initier une politique d’aménagement touristique, dans tous ses aspects : fiscalité, formation, coopération et promotion en vue d’attirer les investisseurs étrangers.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires