L’Algérie peut-elle relancer le gazoduc transsaharien ?
Une feuille de route pour ce projet de gazoduc de 4000 km, s’étendant du Nigéria jusqu’en Algérie en passant par le Niger, a (enfin) été approuvée. Mais beaucoup reste à faire.
Lors d’une visite de travail au Niger, le 17 février, le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a rencontré ses homologues nigérien Mahamane Sani Mahamadou et nigérian Timipre Sylva, en présence de l’ambassadeur d’Algérie au Niger, et du président directeur général du groupe national algérien des hydrocarbures Sonatrach. Les trois ministres ont signé une « déclaration commune » qui valide « une feuille de route » pour le développement du gazoduc transsaharien (TSGP).
Pour Mohamed Arkab, repris par l’agence de presse officielle algérienne, le programme convenu entre les trois dirigeants est « susceptible d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations unissant les trois pays dans le domaine de la coopération technique, et de renforcer les capacités ».
Le projet de gazoduc bénéficiera des opportunités offertes par l’Algérie en termes d’infrastructures
Selon le communiqué officiel du ministère algérien de l’Énergie, le projet de gazoduc « bénéficiera des opportunités offertes par l’Algérie en termes d’infrastructures notamment le réseau de transports, les groupes de gaz naturel liquéfié (GNL) et les infrastructures de pétrochimie ainsi que la position géographique proche des marchés de gaz ».
Obstacles financiers
Le gazoduc transsaharien est censé connecter les champs de production et d’extraction nigérian aux réseaux de pipelines algériens et au marché européen. En novembre 2021, l’ambassadeur du Nigeria à Alger, Mohammed Mabdul, estimait que le Nigeria pourrait fournir 30 milliards de mètres cubes de gaz par an à travers cette installation.
Évoqué depuis les années 1980, le développement du projet accuse un lourd retard. En août dernier, les autorités algériennes pressaient le Nigeria de « ratifier l’accord intergouvernemental relatif au projet TSGP signé en 2009 à Abuja ». Outre les obstacles sécuritaires, le coût du projet et les sources de financement restent incertains.
Des projets concurrents
L’agence de conseil et de recherche Hawilti rappelle que « les difficultés de financement affectent déjà la première partie du gazoduc – le pipeline Ajaokuta-Kaduna-Kano (AKK) de 614 km. L’AKK est l’un des principaux projets gaziers en cours au Nigeria qui vise à connecter tous les États industriels du nord du pays aux approvisionnements en gaz provenant du sud-est. À partir de là, une ligne existerait pour s’étendre plus au nord vers le Niger et l’Algérie. Mais alors que la construction de l’AKK a débuté à la mi-2020, ce projet de 2,6 milliards de dollars a du mal à trouver des financements, ce qui affecte son calendrier de mise en service ».
L’élan donné au TSGP intervient alors qu’un autre projet de gazoduc reliant le Nigeria à l’Afrique du Nord, connait lui aussi de nouveau développement. Il s’agit du Nigeria-Morocco Gas Pipeline, qui doit relier le colosse ouest-africain au Maroc, par la côte, connectant au total 11 pays de la zone en cours de route.
Ces projets concurrents connaissent ces rebondissements dans un contexte de tensions exacerbées entre le Maroc et l’Algérie. Cette dernière a décidé depuis octobre de ne plus faire passer sa production gazière par le gazoduc Maghreb-Europe, partant d’Algérie pour rejoindre Cordoue, en Espagne, en passant par le Maroc.
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