Rwanda : KIFC lorgne les fonds du Luxembourg et de la Suède
Le Centre financier international de Kigali (KIFC) attend des investisseurs en provenance du Luxembourg et de la Suède, alors qu’il se positionne comme place de choix pour les investissements en Afrique.
Selon Ntoudi Mouyelo, le directeur des investissements de Kigali International Finance Centre (KIFC) interrogé par The Africa Report/Jeune Afrique, un fonds luxembourgeois a « confirmé son intérêt » pour l’ouverture d’une entité sur la place financière rwandaise. Le fonds dont le nom n’est pas encore dévoilé veut utiliser le pays comme un hub lui permettant d’investir dans la dette obligataire des PME africaines. Cette implantation qui prendra la forme d’un véhicule d’investissement dédié (special-purpose vehicle) est prévue au troisième trimestre de cette année.
Toujours d’après Ntoudi Mouyelo, un fonds suédois prévoit lui aussi d’établir une entité au Rwanda pour cibler des investissements dans les start-up sur le continent. Cette initiative, affirme-t-il, devrait être annoncée lors de la réunion des chefs d’État du Commonwealth prévue à Kigali en juin.
Pour rappel, KIFC, évoqué depuis 2017 et en activité depuis 2020, entend répondre à la volonté des autorités rwandaises de positionner leur pays comme un hub pour les investisseurs africains et internationaux souhaitant réaliser des opérations à travers le continent. La place doit bénéficier des accords internationaux et des réformes législatives mises en place par Kigali. En octobre, le pays a signé un accord bilatéral avec le Luxembourg visant notamment à soutenir KIFC. Un mois plus tôt, le Rwanda qui veut mettre en place un régime fiscal attractif, a signé un traité avec le Luxembourg pour mettre fin à la double imposition. Cette mesure a facilité l’intérêt du fonds luxembourgeois, selon Ntoudi Mouyelo. Un accord similaire a été conclu avec la Chine en décembre.
Toujours selon le directeur des investissements de KIFC, des gestionnaires de fonds d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique australe ont fait des demandes de licence pour ouvrir des structures au Rwanda. Au plus tard en juin, au moins un nouveau gestionnaire de chacune de ces deux régions sera établi au Rwanda, soutient Ntoudi Mouyelo. Les administrateurs de fonds et les fournisseurs de services aux entreprises en provenance de Maurice sont également attendus d’ici le quatrième trimestre 2022. « Nous ne sommes pas seulement un lieu de transition de ressources mais un endroit où les talents se rencontrent », insiste le dirigeant de de KIFC.
La fintech avant tout
Le Rwanda a réformé ses lois fiscales et introduit une nouvelle législation sur l’insolvabilité et l’arbitrage dans le but d’attirer les flux entrants. La loi de février 2021 visant à promouvoir les investissements étrangers dans le pays garantit le rapatriement des bénéfices et des intérêts sur les prêts. Les entreprises internationales ayant leur siège social ou un bureau régional au Rwanda bénéficient d’un taux nul d’impôt sur les sociétés. Il existe également une exonération de sept ans de l’impôt sur les sociétés pour les investissements dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière, l’énergie, la santé et les technologies.
En novembre, KIFC a annoncé la création du Virunga Africa Fund I, d’une valeur de 250 millions de dollars, dont les principaux investisseurs sont Qatar Investment Authority et le Rwanda Social Security Board (Fonds de pension public).
En février, KIFC a attiré un fonds de fintech africain lancé par l’investisseur sud-africain Vusi Thembekwayo. Le fonds cherche à lever un montant initial de 50 millions de dollars, l’objectif final se situant entre 100 et 120 millions de dollars. Vu de Kigali, cela montre que le Rwanda est mieux placé que l’Afrique du Sud en tant que centre d’investissements transfrontaliers.
« Le dénominateur commun est l’orientation panafricaine », explique Ntoudi Mouyelo. « Nous voulons être le centre financier des investissements africains ». KIFC veut également être le conduit pour les Africains qui veulent investir en dehors du continent, rappelle le responsable du centre financier, qui met en avant les avantages du régime fiscal du Rwanda, le respect des normes internationales de conformité et l’absence de restrictions sur les mouvements de devises et le rapatriement des plus-values.
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