Cultiver pour exporter

Sur les rives du fleuve Sénégal, l’irrigation des terres permet aujourd’hui d’intensifier leur exploitation.

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Troisième pilier du développement avec le fer et la pêche, l’agriculture. Non pas l’ancestrale culture du mil et du sorgho, soumise aux caprices de la pluie – elle concerne tout de même 200 000 hectares et assure une récolte annuelle de 100 000 tonnes quand les précipitations sont suffisamment abondantes -, mais l’agriculture irriguée, que le gouvernement encourage le long du fleuve.
Depuis que l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a achevé le barrage de Diama, voici une quinzaine d’années, Sénégalais et Mauritaniens ont misé sur l’irrigation. Du côté mauritanien, 40 000 hectares sont aménagés, dont 23 000 exploités en riziculture, pour une production annuelle de près de 100 000 tonnes. Reste que les conditions économiques peuvent encore être améliorées. La filière se défend toutefois, en mettant l’accent sur l’amélioration progressive de ses rendements et de la qualité du riz produit. « Nous apprenons le métier », expliquent les riziculteurs mauritaniens. Le gouvernement table néanmoins sur la diversification des cultures pour faire réellement démarrer un bassin qu’il estime devoir être l’une des principales sources de richesse du pays dans les années à venir.
À la différence du riz, produit de subsistance par excellence, les cultures envisagées seront destinées à l’exportation. La Mauritanie souhaite mettre à profit sa proximité avec le marché européen pour damer le pion à ses concurrents sahéliens : il faut seulement deux jours de bateau pour relier Nouakchott à Marseille, ce qui permet de faire l’économie du coût prohibitif du transport aérien, dont les produits agricoles locaux de contre-saison doivent généralement s’acquitter pour garantir leur fraîcheur. C’est notamment le cas pour les haricots verts kényans ou burkinabè.
Parmi les opérateurs étrangers, la Compagnie fruitière, société française connue dans l’exploitation de bananeraies au Cameroun et en Côte d’Ivoire, a décidé d’investir dans l’agriculture irriguée. Sa filiale, les Grands Domaines de Mauritanie (GDM), occupe déjà près de 200 hectares où elle a commencé la culture du gombo, du piment, du haricot vert, de la patate douce, du melon et de la banane biologique. Des entrepreneurs locaux s’y sont mis eux aussi, apprenant progressivement les techniques de l’agriculture moderne. « J’offre une prime à qui m’apportera le premier ver de terre », dit Lionel Lacroux, directeur des plantations de GDM, qui apprend peu à peu aux paysans locaux à utiliser le fumier fourni par le bétail et à irriguer à des heures précises, de manière à contrarier la remontée du sel que la terre, ici, recèle en quantité. GDM a tout intérêt à promouvoir les cultures d’exportation. Car si la compagnie a pour mission première de produire elle-même, elle peut aussi transporter – et vendre – les produits de ses confrères sur ses bateaux qui font actuellement escale à Dakar, en remontant du port camerounais de Douala.
On en est donc au tout début, mais, déjà, l’avenir semble prometteur : Nouakchott s’est tout de suite révélé un marché porteur pour les productions maraîchères de Rosso et de ses environs. Bref, entre les perspectives d’exportations soutenues par GDM et celles de ventes de melons ou de tomates dans la capitale, les appétits – y compris ceux des riziculteurs – s’aiguisent. Plus de 100 000 hectares irrigables les attendent… s

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