Air Mauritanie

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

En ces temps de crise du transport aérien, afficher des résultats en hausse tient presque de l’insolence. Air Mauritanie ne s’en prive pourtant pas. Est-ce là l’effet d’une bonne gestion consécutive à sa privatisation, en juin 2000 ? Est-ce grâce à la récupération des droits de vol mauritaniens auparavant exploités par Air Afrique, son ex-partenaire ? Sûrement un peu des deux.
Comme la plupart des compagnies nationales africaines, Air Mauritanie était subventionnée par l’État. Moyennant quoi elle assurait une mission de service public en desservant les quatre coins d’un pays immensément désertique, manquant de réseaux routier et ferré. Et se bornait à cette mission, les vols internationaux étant le monopole d’Air Afrique, présente à hauteur de 35 % dans le capital d’Air Mauritanie depuis 1973. « Nous avons continué à bénéficier de subventions de l’État de juin 2000 à fin 2002, nous déclare Moustapha Ould Hamoud, le directeur général. Nous n’en recevons plus, mais nous avons maintenu le même service public. » Pour l’État, c’est tout bénéfice… Deuxième avantage de la privatisation : en modifiant sa stratégie après la liquidation d’Air Afrique, en 2001, la compagnie a récupéré la desserte internationale, a pu développer un trafic régional et multiplier les fréquences entre Nouakchott, Abidjan, Cotonou, Dakar, Bamako et Casablanca. En 2002, elle a mis en place deux vols hebdomadaires pour l’Europe (Paris) grâce à l’acquisition, en leasing, d’un Boeing 737-700.
Le bilan est positif, les perspectives le sont davantage encore. D’abord, le trafic passager sur les lignes domestiques ne représente actuellement plus que 6 % du total, contre 100 % avant privatisation. Ensuite, le nombre de passagers (193 000 en 2002, soit + 40 % par rapport à 2001) et le chiffre d’affaires (5 milliards d’ouguiyas – 22,3 millions d’euros – prévus en 2002, contre 1,98 milliard en 2000) ont connu une croissance exponentielle. Le déficit d’exploitation a été ramené de 600 millions d’ouguiyas en 1999 à 3 millions d’ouguiyas en 2002. « Nous allons très probablement afficher des résultats bénéficiaires en 2003 », estime Hamoud. La compagnie a d’autre part augmenté son capital à 1 250 millions d’ouguiyas, avec comme principaux actionnaires la Nationale d’assurances et réassurance (NASR, 40 %, privatisée en 1995), la Banque mauritanienne de commerce international (BMCI), les Établissements Noueigued et Star Oil Mauritanie, société de distribution pétrolière.
Maintenant que la compagnie est en voie de redressement, le directeur général compte développer le réseau et la flotte. Le 1er juillet 2003 sera ouverte une liaison avec Brazzaville, en attendant qu’un deuxième Boeing 737-700 neuf soit livré, fin 2003 ou début 2004, pour renforcer entre autres la desserte de Paris. Rien ne dit qu’en 2004 Air Mauritanie ne se tournera pas vers d’autres destinations, comme l’Algérie. Moustapha Ould Hamoud table sur une augmentation du trafic vers la Mauritanie dans les années à venir grâce au développement des affaires et du tourisme, et s’y prépare : « En 2003, nous allons former au moins trois équipages mauritaniens pour le nouveau Boeing. Ils viendront s’ajouter aux cinq existants. » s

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