RD Congo : la bancarisation, ça paie !

Fini le versement des salaires en liquide. Peu à peu, tous les fonctionnaires sont dotés d’un compte en banque en RD Congo.

Augustin Matata Ponyo est le premier ministre de RD Congo depuis mai 2012. © AFP

Augustin Matata Ponyo est le premier ministre de RD Congo depuis mai 2012. © AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 11 février 2014 Lecture : 2 minutes.

C’est le grand œuvre du gouvernement Matata. Commencée en juillet 2011, alors que Matata Ponyo était ministre des Finances, la bancarisation s’est accélérée quand il est devenu Premier ministre. Aujourd’hui, on estime que 70 % des fonctionnaires congolais perçoivent leur salaire sur un compte courant. Fini – ou presque – l’expédition coûteuse et risquée, chaque mois, par camion, avion ou vélo, de centaines de milliers d’enveloppes renfermant la paie des policiers, militaires, agents administratifs… Quinze banques ont accepté, moyennant une contrepartie financière, d’assurer la distribution des salaires sur les comptes.

Étapes progressives

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Étant donné la faiblesse du réseau bancaire, la réforme a été menée progressivement. Elle a commencé par les cabinets ministériels et les administrations centrales, avant de s’étendre aux enseignants, puis aux forces de l’ordre, depuis Kinshasa vers les provinces, les districts et les territoires.

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Bilan : pas mal de ratés. Les établissements ont rapidement été débordés par l’afflux de nouveaux clients, peu habitués à ce système, qui s’alignaient dans d’interminables files d’attente pour retirer l’intégralité de leur salaire mensuel en liquide. Il a fallu ouvrir de nouvelles agences et multiplier par quatre ou cinq le nombre de guichets.

Dans les zones les plus reculées, où l’on ne trouve aucune agence, la Banque centrale du Congo, qui surveille le déroulement de l’opération, a délégué à des opérateurs de téléphonie mobile et à l’ONG catholique Caritas le soin d’acheminer les salaires.

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Ce qui ne se fait pas sans quelques difficultés. Les autorités ont ainsi dû faire marche arrière, après avoir considéré la quasi-totalité des fonctionnaires comme « bancarisés » (détenteurs d’un compte).

Retombées positives

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Malgré ces aléas, cette réforme profite à beaucoup. Grâce au recensement qui l’a précédée, « nous avons pu détecter de faux fonctionnaires, explique Jean-Louis Kayembe, président du comité de suivi de la paie à la Banque centrale, chargé du bon fonctionnement du système. Ce qui nous a permis d’économiser 7 milliards de francs congolais [environ 5,4 millions d’euros]. Nous réfléchissons à la façon d’abaisser graduellement, dès l’an prochain, les frais de gestion que l’État verse aux banques. »

Celles-ci espèrent, de leur côté, fidéliser leurs nouveaux clients afin de leur faire consommer des services bancaires, un crédit ou une carte de paiement et de retrait. Quant aux fonctionnaires, ils sont désormais à l’abri des « ponctions » pratiquées sur leur solde par des prédateurs en tout genre…

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