Ya-t-il une vie après le malheur ?

Comment une femme retrouve espoir après de terribles épreuves.

Publié le 4 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Yasmina vit sa vie, sereine, avec Younès son mari. C’est une épouse aimante et une mère affectueuse qui a atteint dans sa vie un équilibre que beaucoup de Marocaines pourraient lui envier. Peut-être, d’ailleurs, sont-elles quelques-unes à le lui envier ? Comme si le diable s’en mêlait, ou le mauvais oeil, voilà que les mauvaises nouvelles s’accumulent. D’abord, de sérieuses difficultés matérielles obligent Younès à vendre leur maison. « Mais ce n’est pas une maison, c’est ma maison, mon nid ! Je pensais avoir définitivement jeté l’ancre… »
Le coup est terrible, mais ce n’est rien en comparaison de ce que le sort lui assène, neuf mois plus tard : Younès s’effondre, le coeur en lambeaux, miné par le stress, lui qui lui répétait : « Tu verras, Yasmina, nous vivrons un été flamboyant. » Elle se retrouve seule. La belle-famille compatit mais s’intéresse surtout à l’héritage : la première chose à faire, c’est d’essayer de connaître les différentes banques avec lesquelles le frère disparu faisait ses affaires et de bloquer immédiatement les comptes… Yasmina est devenue l’étrangère, il faut lui faire rendre gorge. Elle est seule dans sa tristesse, elle pourrait sombrer dans la dépression. Fin de la première partie.
La deuxième partie est plus surprenante. Le style change : on passe d’un récit somme toute assez conventionnel (à la troisième personne du singulier) à quelque chose de tout à fait différent, une sorte de dossier fait de tous les courriels (mais oui) que Yasmina envoie et reçoit. Le lecteur se transforme en voyeur qui assiste d’abord au classique travail du deuil, la douleur et l’incompréhension partagées avec des amis lointains, puis la résignation, l’acceptation, le retour à la vie, en particulier par le commentaire des affaires courantes, de la politique mondiale, des événements divers dont la presse nous informe.
Enfin, comme dans un troisième acte destiné à convaincre les naufragés de la dépression qu’il y a toujours une troisième mi-temps, apparaît un homme, rencontré par hasard, avec lequel s’ébauche une correspondance d’abord un peu craintive puis de plus en plus confiante à mesure que Yasmina se découvre et découvre elle-même des aspects de sa personnalité qu’elle ne soupçonnait pas. On vous laissera découvrir jusqu’où cette femme sensible et attachante ira dans sa quête d’elle-même.

Je ne verrai pas l’automne flamboyant… d’Anissa Bellefqih, L’Harmattan, 170 pp., 14 euros.

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