Vos lettres et emails sélectionnés

Censure à la sénégalaise
Je ne félicite pas l’ex-ministre de l’Intérieur Macky Sall (devenu entre temps Premier ministre) d’avoir interdit le livre Le Sexe d’Allah au Sénégal ! Le ministre aurait dû plutôt s’attaquer au laxisme et à la corruption, ces fléaux récurrents, ennemis du progrès et de la démocratie ! À quand la révision du code de la famille et l’instauration de la charia ?

Marre d’être humiliés
Après avoir lu votre article sur Taylor et le système mafieux qu’il a mis en place (J.A.I. n° 2255), j’ai presque honte d’être africain. Comment un dirigeant peut-il plonger son peuple dans une misère aussi sordide ? Pourquoi nos dirigeants ne prendraient-ils pas l’exemple de personnes comme Mohammad Yunus, banquier des pauvres (voir J.A.I. n° 2255), qui font tout pour aider les leurs à avoir une vie décente ? Au lieu de placer des sommes exorbitantes dans des banques étrangères, construisez-nous des hôpitaux, des universités, des stades ! Offrez-nous une vie respectable pour que les Africains ne soient plus humiliés.

Rendons à Bongo…
Dans l’interview que vous lui avez consacrée dans le J.A.I n° 2254, l’écrivain Gaston Kelman déclare : « Je pense à ce président africain qui disait que l’Afrique noire sans la France est comme une voiture sans chauffeur. » Je tiens à préciser que l’auteur de cette citation est le président gabonais Omar Bongo Ondimba et, surtout, que la phrase a été tronquée de moitié. En effet, la suite dit « et la France sans l’Afrique est une voiture sans carburant », c’est-à-dire que l’une sans l’autre ne peuvent fonctionner. Il est dommage de s’autoriser ce genre d’interprétation partielle.

Ne pas confondre voile et islam
Le port du voile n’est autre qu’un style vestimentaire propre à la culture arabe. Par conséquent, il ne saurait être obligatoire pour toutes les musulmanes du monde. Il faut faire la différence entre tradition arabe et islam. D’autre part, la culture étant ouverture, toute personne devrait avoir le droit d’adopter la culture de son choix. D’où le nombre croissant de musulmanes non arabes qui portent le voile. Ne constate-t-on pas que beaucoup de personnes adoptent facilement l’American way of life (la culture américaine ?) Pourquoi donc porter le foulard serait-il problématique ? Une chose est sûre : il n’y a pas de culture universelle et aucune culture n’est supérieure à l’autre.

Rwanda : nous sommes tous responsables
C’est avec beaucoup de regrets que j’ai constaté l’absence de la plupart des responsables politiques de ce monde aux célébrations du dixième anniversaire du génocide rwandais. Un génocide n’est pas la propriété exclusive d’un pays, ni celle d’un continent, c’est un crime contre l’humanité dans son ensemble. Ce dixième anniversaire aurait dû permettre de donner un nouveau souffle à tous ceux et celles qui se sont donné pour mission l’exploration et la compréhension de ce crime mondial. C’est le seul moyen de servir les générations futures.

Bourguiba, fils adoptif de la France…
Que Paris honore Bourguiba (J.A.I. n° 2257), il n’y a rien d’extraordinaire à cela. C’est son fils adoptif et serviteur le plus zélé, même s’il s’en défendait. Pour les Tunisiens, c’est un imposteur né, un Machiavel. Le protocole du 20 mars (signant l’indépendance du pays) est une copie conforme du traité du Bardo de mai 1881 (établissant le Protectorat). La Tunisie, comme tous les autres pays colonisés, n’est pas indépendante, elle est sous protectorat. La France a tout simplement abandonné l’administration directe. Bourguiba a accrédité le statut de protectorat et a réalisé pour le compte de la France ce que celle-ci n’a pu réaliser durant environ soixante-dix ans. Il est tout à fait normal que la France fasse ce petit geste envers un dévoué serviteur.

Pas de paix sans désarmement
Lors de la récente installation de l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire), Kofi Annan a fait remarquer que les Casques bleus ne viennent pas pour « imposer » la paix aux Ivoiriens, mais pour la « maintenir ». Mais il n’y a pas de paix en Côte d’Ivoire pour prétendre la maintenir. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre. Une partie du territoire ivoirien est encore sous occupation des rebelles et, malgré l’engagement pris lors des accords de Marcoussis, ceux-ci n’ont toujours pas désarmé. Tant que des armes circuleront en Côte d’Ivoire, il sera hasardeux de parler de paix.

À quand la démocratie en Guinée ?
Le récent rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme confirme que, depuis vingt ans, le régime de Lansana Conté viole les droits humains les plus élémentaires. Le chef de l’État a fait emprisonner une partie des opposants afin de sauvegarder son fauteuil. La presse audiovisuelle est réduite à la seule RTG, et le pouvoir a récemment refusé toute libéralisation des ondes. Quant au peuple, il est uniquement préoccupé par la recherche de son pain quotidien qui est de plus en plus difficile à obtenir. Tous les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux doivent pousser le régime de Conté à se démocratiser.

Des Lions abattus
Une fois de plus l’Afrique est le terrain de bataille d’intérêts économiques inavouables. L’affaire des maillots non réglementaires vaut au Cameroun une sanction de la Fédération internationale de football. Certes, les dirigeants camerounais ont fait preuve de légèreté, mais on peut tout de même s’étonner de la lourdeur de la peine (une amende de 85 millions de F CFA et, surtout, le retrait de 6 points pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2006). Même pour des motifs plus graves (violence, détournements de fonds), la Fifa n’a jamais eu la main aussi lourde. Serait-ce donc un hasard si le Cameroun est sanctionné après avoir arboré des équipements Puma, concurrent d’Addidas, sponsor de la Fifa ? De grâce, ne sacrifiez pas cette équipe que toute l’Afrique attend à chaque rendez-vous mondial !