Triste tableau
Comme chaque année, l’organisation Reporters sans frontières (www.rsf.org) célèbre à sa manière la Journée internationale de la liberté de presse, le 3 mai. Pour l’occasion, elle publie, en collaboration avec l’hebdomadaire culturel français Télérama, un long rapport intitulé Le Tour du monde de la liberté de la presse en 2003. Dans ces pages édifiantes, il est rappelé que plus de 130 journalistes dans le monde sont emprisonnés pour leurs opinions ou, plus simplement, pour avoir voulu faire leur métier. De même que 72 « cyberdissidents » utilisant Internet comme médium d’information. L’organisation pointe un doigt accusateur vers les régimes les plus prompts à enfermer leurs reporters. Avec 30 prisonniers, Cuba arrive largement en tête devant la Chine (27), l’Érythrée (14) et la Birmanie (13). Mais ce n’est pas le plus grave : en 2003, 42 journalistes ont été tués. Et, depuis le 1er janvier 2004, 11 d’entre eux ont perdu la vie, 100 professionnels de la presse ont été interpellés, 250 ont été menacés ou agressés et 142 médias ont été censurés.
La situation de l’Afrique n’est guère reluisante. Deux journalistes, Jean Hélène de Radio France Internationale (RFI) et Kloueu Gonzreu de l’Agence ivoirienne de presse (AIP), ont été tués en Côte d’Ivoire, et un troisième en République démocratique du Congo. D’après RSF, « les journalistes ont, par ailleurs, fait les frais de la répression systématique de régimes vieillissants et de dirigeants qui s’accrochent au pouvoir ». En ligne de mire, ces « prédateurs de la liberté de presse » que sont, par exemple, Issayas Afeworki (Érythrée), Mélès Zenawi (Éthiopie), Mswati III (Swaziland) ou Robert Mugabe (Zimbabwe)… Par ailleurs, « la presse indépendante se raréfie sur le continent africain. Entre autres exemples inquiétants : la fermeture du Daily News au Zimbabwe ou le maintien de l’interdiction de la presse privée en Érythrée » et « la situation de la liberté de la presse s’est durcie dans des pays traditionnellement cités en exemple pour leur modernité et leur respect de l’État de droit ». Si le tableau est sombre, RSF se réjouit néanmoins de la condamnation, à l’issue d’un procès exemplaire, de six personnes impliquées dans l’assassinat du journaliste mozambicain Carlos Cardoso. Comme quoi, tout espoir n’est pas encore perdu !
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