Sidya Touré victime de la « complotite »

Publié le 4 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois de sa vie, Sidya Touré, l’ancien Premier ministre de Lansana Conté, qui a rejoint l’opposition en janvier 2000, a connu la prison. Le chef de file de l’Union des forces républicaines (UFR) est sorti épuisé de la nuit du 26 au 27 avril qu’il a passée dans une pièce peu confortable, contiguë au bureau de Bakary Termite Mara, directeur de l’antenne guinéenne de l’Organisation internationale de la police criminelle (Interpol). Après de longues heures d’interrogatoire, ce dernier l’a inculpé « de tentative de complot, de déstabilisation et d’assassinat sur la personne du chef de l’État ». Non sans avoir pris le soin, deux heures auparavant, d’interrompre l’audition pour aller s’entretenir avec Moussa Sampil, le ministre de la Sécurité.
Comme charge retenue contre lui, le directeur d’Interpol a fait visionner au leader de l’UFR, lors de sa garde à vue, une cassette vidéo. On y voit, réunis pour un repas, Rougui Barry, membre du bureau politique de l’UFR, « Capi » Camara, responsable de la jeunesse de cette formation en région parisienne, Baïdy Aribot, cadre à la Banque centrale de Guinée, le colonel Mamadouba Camara, chef d’état-major adjoint de l’armée de terre, ainsi que « l’homme d’affaires » français Christian Lestavel flanqué de deux « collaborateurs ».
La discussion tourne autour de la volonté de Lestavel d’investir, en collaboration avec ses interlocuteurs, plusieurs millions de dollars en Guinée. Mais aussi de la nécessité de se débarrasser de Conté, pour rendre le climat plus propice aux affaires.
Sidya Touré est cité dans la conversation comme étant la personne la mieux indiquée pour conduire une transition démocratique après Conté. Une phrase jugée suffisante comme preuve par Mara.
Dans l’après-midi du 27 avril, le juge d’instruction Barry du tribunal de première instance de Conakry reçoit Sidya Touré et le colonel Camara pour leur lire les accusations portées contre eux et les placer sous contrôle judiciaire.
Les ambassadeurs des États membres du G8 en poste à Conakry auraient demandé des explications. Ils craignent que l’accusation de complot ne devienne, pour le régime, un moyen permanent d’éliminer les adversaires politiques. Les avocats de l’opposant, dont Mes Christian Sow, Georges Destephen, Maurice Lamey Kamano et Sékou Koundiano, devaient recevoir copie du dossier le 28 avril.
Leur client encourt une sanction allant de dix ans d’emprisonnement à la peine de mort, en passant par la réclusion criminelle à perpétuité.

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