Sauvera-t-on le fleuve ?

Publié le 5 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

C’est un monstre long de 4 200 kilomètres, avec un bassin vaste de 1,5 million de km2, et qui fait vivre pas moins de 110 millions de personnes le double dans quinze ans qui était au centre du sommet de l’Autorité du bassin du Niger (ABN) les 26 et 27 avril dernier à Paris.
Le fleuve, qui traverse neuf États le Mali, le Niger, le Nigeria, la Guinée, le Tchad, le Burkina, le Cameroun, le Bénin et la Côte d’Ivoire est en effet gravement menacé. En trente ans, son débit annuel moyen a été divisé par deux, et l’eau s’est même arrêtée de couler à Niamey en 1985 et en 2003. Les crues et les étiages ont été drastiquement réduits, hypothéquant l’avenir des activités agricoles, de la pêche et de l’élevage, dont la prospérité dépend directement de l’importance des crues.
La sécheresse avec une pluviosité qui a baissé d’un tiers depuis 1970 , la pollution, l’ensablement et l’érosion sont pointés du doigt et provoquent aujourd’hui la multiplication des projets d’aménagement. Plusieurs sont à l’étude, dont les barrages de Kandadji au Niger, de Fomi en Guinée, et de Taoussa au Mali. Ce dernier est probablement le plus avancé des trois. Le Niger, longtemps réticent sur ce projet, est rassuré depuis que les autorités maliennes évoquent davantage l’idée d’un seuil régulateur ce qui garantirait un débit minimal toute l’année à Niamey que celle d’un barrage. Reste à
convaincre le Nigeria, inquiet de ne pouvoir disposer de suffisamment d’eau pour faire fonctionner la centrale du barrage de Kainji, qui fournit du courant à tout le nord du pays ainsi qu’au nord du Bénin et à la capitale nigérienne.
Outre construire de nouveaux aménagements, il faudra étudier leurs effets les uns sur les autres, et donc relancer la coopération régionale au sein de l’ABN. À Paris, les chefs d’État et de gouvernement se sont ainsi entendus sur les principes d’une gestion concertée du développement du bassin du Niger, adoptant la règle de la consultation préalable pour tout projet qui affecterait le régime des eaux du bassin.
Cela suffira-t-il à sauver le fleuve ? Tout dépendra des financements qui seront mis en uvre. Les bailleurs de fonds présents à Paris s’en sont tenus aux déclarations d’intention ou n’ont fait que réitérer les promesses précédentes. La France a réaffirmé le versement des 10 millions d’euros annoncés en octobre 2003 lors de la visite de Jacques Chirac au Niger. Six de ces 10 millions ont cependant déjà fait l’objet d’une convention de partenariat, signée le 9 avril dernier, entre l’Agence française de développement et l’ABN. Ils doivent notamment permettre la collecte et le traitement des données hydrologiques et la création d’un fonds de recherche qui financera, par exemple, les études d’impact du barrage de Taoussa.
L’Union européenne a quant à elle annoncé une contribution d’ensemble de 500 millions d’euros (328 milliards de F CFA) pour les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Les autres bailleurs multilatéraux, dont la Banque mondiale et le Programme de développement des Nations unies (Pnud), promettent d’intervenir, tout comme le Canada, l’Allemagne, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement et la Banque
ouest-africaine de développement. Reste désormais à concrétiser toutes ces bonnes volontés. Après vingt ans d’immobilisme, les États du bassin du Niger ont aujourd’hui à gérer l’urgence.

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