Nigeria, Maroc, Sénégal : où sont les top développeurs africains ?
En Afrique, malgré la contraction de l’économie mondiale, le nombre de développeurs a augmenté de 3,8 % en 2021. Tech, salaires, hubs, défis du continent… Comment évolue cette tendance susceptible de modifier les écosystèmes locaux ?
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Les professionnels du développement informatique ne sont pas moins de 716 000 en Afrique. C’est ce qui ressort d’une analyse produite par Accenture et commandée par Google pour cartographier le paysage des développeurs sur le continent. C’est l’Afrique du Sud (121 000 développeurs), suivie de l’Égypte, du Nigéria (89 000) et du Kenya (60 000), qui abrite le plus d’experts de ce secteur dans leurs écosystèmes.
L’Algérie (29 000), la Tunisie (23 000), et la Côte d’Ivoire (9 000) sont considérées comme « émergentes » dans ce domaine. Le Cameroun (20 000), l’Éthiopie (19 000), la Tanzanie (15 000), l’Ouganda (11 000), et le Mozambique (7 000) ferment la course, avec des écosystèmes en phase de démarrage. Quant à la croissance affichée (3,8 % sur l’ensemble du continent), c’est spécifiquement le Sénégal (+7,5 %), suivi du Nigéria, du Maroc et de l’Éthiopie (+6 %) qui ont vu la proportion de développeurs augmenter le plus significativement.
Autre constat du rapport : l’écrasante majorité des développeurs africains sont des hommes (85 %).
Essor des start-up et télétravail
Comment expliquer l’augmentation du nombre de développeurs sur le continent ? Les analystes d’Accenture attribuent cette hausse à trois principaux facteurs. D’abord, les start-up locales ont levé plus de 4 milliards de dollars en 2021, ce qui leur a permis d’embaucher 2,5 fois plus de développeurs africains qu’en 2020 ; ensuite, la pandémie a contribué à une nette augmentation de la demande mondiale de talents technologiques travaillant à distance ; et enfin, les entreprises locales ont accru leur utilisation d’internet ce qui a aidé les développeurs à étendre leurs activités et ouvert la voie à de nouvelles opportunités d’embauche.
Développeurs en Afrique par pays
D’après, le responsable d’une plateforme d’emplois au Kenya, « environ 10 à 20 % de demande supplémentaire provenant d’entreprises internationales [a été constaté] en 2020 ». Ainsi, selon un cadre dirigeant du « Coding Bootcamp » (le bootcamp est un stage intensif de formation au codage informatique), en Afrique du Sud, « le plus grand concurrent de l’Afrique sont les entreprises internationales désireuses d’externaliser ». En effet, 38 % des personnes interrogées dans le cadre de l’analyse Google-Accenture travaillent pour une entreprise dont le siège est en dehors du continent. Selon les analystes, après la crise sanitaire, 66 % des codeurs africains travailleront à distance, contre 13 % avant la Covid-19 et 74 % en plein pic pandémique.
Misant sur le tout digital, la normalisation du télétravail a également permis d’améliorer les services de connexion. En tout, en 2020, 22 % des PME d’Afrique subsaharienne auraient commencé à utiliser ou à augmenter leur utilisation de l’internet, des réseaux sociaux et des plateformes numériques.
81 % des investissements dans quatre pays
Ces dernières années ont été remarquables dans le domaine des technologies informatiques en Afrique. Rien qu’en 2020, 40 % de deals en plus par rapport à 2019 ont été signés dans le secteur du développement. En 2021, la somme des montants levés par les startups africaines est 2,5 fois plus importante que l’année précédente. À noter que l’industrie de la fintech a drainé plus de la moitié de ces investissements. Au total, 81 % des fonds de capital-risque ont été alloués dans des entreprises situées en Afrique du Sud, au Nigéria, en Égypte et au Kenya : les pays ayant la plus forte population de développeurs de logiciels, note le rapport Accenture-Google.
Financement total du capital-risque en 2021 par rapport à la population de développeurs
Inégalités salariales
Ce bilan très positif ne doit pas faire oublier certaines inégalités persistantes. Les développeurs africains travaillant pour l’étranger ont un salaire 1,4 fois plus important que leurs homologues employés localement. En moyenne, entre 2020 et 2021, le salaire annuel des développeurs les plus expérimentés a augmenté de 11 %, pour atteindre les 55 500 dollars, contre une augmentation de 9 % pour les débutants, avec un salaire de 25 500 dollars environ. Un écart très important qui précarise les jeunes codeurs : ils représentent 80 % cette population d’experts, avec une moyenne d’âge de sept inférieure à la moyenne mondiale, et possèdent jusqu’à trois ans d’expérience.
« Nous pensons qu’il n’y a personne de mieux placé pour résoudre les problèmes du continent que les développeurs, les fondateurs et les entrepreneurs africains eux-mêmes », ce sont ces mots, qui inaugurent le rapport d’Accenture.
Même si bon nombre des développeurs africains travaillent pour des entreprises internationales, la majorité œuvrent à la croissance des activités sur place. Un constat qui, selon Google, pourrait faire de l’Afrique un hub technologique. Pourtant, plusieurs obstacles demeurent. Parmi lesquels l’inégalité des chances et de salaires, le manque de ressources éducatives et les difficiles évolutions de statut professionnel (passer de junior à senior).
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