Migration forcée vers le Nord
Si les plasticiens africains contemporains gagnent incontestablement en visibilité en Europe, qu’en est-il en Afrique ? Bien sûr, il existe quelques événements d’importance comme les Biennales de Johannesburg et de Dakar ou les Rencontres photographiques de Bamako. Ces manifestations constituent une sorte de vitrine, mais aussi des terreaux de « recrutement » pour les commissaires d’expositions extérieures au continent.
Mais sans doute parce qu’actuellement l’art en Afrique tient plus du divertissement qu’il ne constitue un réel outil de développement culturel, social et économique, on assiste à une fuite des créateurs en quête de meilleures conditions de travail et de vie. « Les artistes semblent soumis à une migration forcée vers le Nord. Le monde artistique y est très structuré, il y a un marché et un contexte cohérent dans lequel ils peuvent s’insérer », explique Toma Muteba Luntumbue, artiste d’origine congolaise vivant aujourd’hui en Belgique. En outre, « les médias offrent une formidable caisse de résonance », ajoute cet historien d’art qui a eu l’occasion, en qualité de commissaire, de monter deux expositions à Bruxelles : « Transferts » en 2003 et « Exitcongomuseum » en 2000-2001. Cela étant, « un grand nombre d’artistes, parmi les plus renommés, vivent et travaillent en Afrique et ne prétendent pas s’installer en Europe ou ailleurs. Il y a une situation humaine très dure, mais elle rend l’activité artistique encore plus vitale, plus essentielle. Des initiatives très intéressantes fleurissent un peu partout sur le continent », poursuit Luntumbue pour qui l’art contemporain africain n’existe pas, même s’il y a des artistes contemporains en Afrique.
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