Les hydrocarbures d’abord et avant tout
L’Agoa profite surtout aux États-Unis.
L’African Growth and Opportunity Act (Agoa, Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique), qui permet à trente-huit pays exportateurs du continent d’accéder au marché américain sans droits de douane, sert essentiellement les intérêts pétroliers des États-Unis. Sans le dire explicitement, l’étude de la Banque mondiale, rendue publique en avril, sur cette « vitrine » de la politique africaine de la Maison Blanche, le démontre à travers une analyse chiffrée.
L’Agoa est entrée en vigueur en 2001. Dès 2002, les exportations africaines effectuées dans ce cadre ont représenté un total de 9,13 milliards de dollars. À eux seuls, le Nigeria et le Gabon en ont représenté plus des deux tiers – respectivement 5,4 et 1,14 milliard de dollars. Et les principales importations américaines ont concerné les produits énergétiques (68 %) et miniers (15 %).
En 2003, les exportations africaines dans le cadre de l’Agoa se sont élevées à 14,1 milliards de dollars (+ 54 %). Une croissance essentiellement due à l’industrie pétrolière puisque 9,35 milliards – plus de 66 % des entrées commerciales – proviennent du Nigeria.
En 2004, le volume d’affaires couvert pourrait connaître une nouvelle hausse avec l’inscription de l’Angola, un autre grand producteur de pétrole, dans le dispositif.
Selon la Banque mondiale, sept pays (Nigeria, Gabon, Afrique du Sud, Cameroun, Lesotho, Kenya et République démocratique du Congo) sur trente-huit réalisent 96 % des bénéfices générés par l’Agoa.
En dehors des hydrocarbures et des mines, c’est le secteur textile qui tire le plus de profit de ce cadre commercial, avec 5 % des exportations. La loi américaine a notamment permis au Lesotho et à Maurice de créer de nouvelles usines de confection.
La Banque mondiale souligne cependant que les États-Unis ont limité les possibilités de croissance des exportations textiles en fixant des plafonds d’export, des règles d’origine des produits – les matières premières doivent venir des pays de l’Agoa ou des États-Unis – et des obligations de traçabilité.
Selon Washington, si les pays africains ne tirent pas suffisamment de bénéfices du dispositif, c’est en raison de leur manque de connaissances du marché américain et des mécanismes commerciaux.
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