Les grands oubliés
Les pays les moins avancés (PMA) sont les principaux laissés-pour-compte du processus de globalisation des échanges.
« L’augmentation des échanges lors des quarante dernières années n’a pas profité à tous de la même manière, les États industrialisés et un groupe de 12 pays en développement en ayant été les principaux bénéficiaires », relève le dernier rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, un organisme qui travaille sous l’égide du Bureau international du travail (BIT).
Ce document, élaboré par de nombreuses personnalités comme la présidente de Finlande, Tarja Halonen, le président de la République de Tanzanie, William Mkapa, ou encore le Prix Nobel d’économie 2001 Joseph Stiglitz, remet également en question une idée largement répandue selon laquelle la mondialisation est un facteur de croissance. On constate, en effet, que la progression du Produit intérieur brut (PIB) mondial a fortement ralenti depuis 1990, date à partir de laquelle le processus de globalisation s’est accéléré.
« Les pays industriels, dotés d’une base économique solide, riches en capitaux et en compétences et détenant la suprématie en matière technologique, sont les mieux placés pour tirer des avantages substantiels de la mondialisation. L’expansion des marchés des biens et des services a ouvert de nouveaux débouchés à leurs exportations, tandis que l’émergence de systèmes de production mondiaux et la libéralisation des règles d’investissement ont créé de nouvelles opportunités pour leurs multinationales, augmentant le champ d’action de celles-ci et leur pouvoir sur le marché », précise le rapport du BIT. Mais l’inégalité du développement est également très palpable entre les nations du Sud. Entre 1985 et 2000, la croissance du revenu par habitant n’a été supérieure à 3 % par an que dans 16 pays en développement. Elle a été inférieure à 2 % dans 55 PED, et elle a même été négative dans 23 d’entre eux.
Le changement le plus frappant est l’essor rapide de la Chine – depuis vingt ans -, de même que l’amélioration plus progressive mais importante de la performance économique de l’Inde. Plus du tiers de la population mondiale vit dans ces deux pays.
La plupart des pays les moins avancés (PMA), dont la majeure partie de l’Afrique subsaharienne, sont exclus des bénéfices de la mondialisation. « Les PMA, souligne le rapport, sont prisonniers d’un cercle vicieux du fait du cumul de divers handicaps : pauvreté et analphabétisme, troubles civils, désavantages géographiques, gouvernance médiocre, économie manquant de flexibilité car essentiellement tributaire d’un produit de base unique. De plus, un grand nombre de ces pays ploient sous le poids d’une lourde dette extérieure et sont durement touchés par la baisse continue du prix des produits de base. » À ces problèmes s’ajoute le protectionnisme agricole dans les pays industrialisés, qui réduit l’accès aux marchés pour les produits du Sud, alors que les subventions occidentales à l’agriculture font du tort aux producteurs des pays en développement.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’arrestation du PDG du groupe CHO secoue l’huile d’olive tunisienne
- Les Obiang et l’affaire des sextapes : vers un séisme à la Cemac ?
- La DGSE française dans la tourmente après les accusations du Niger
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Comment Air France compense son absence des États du Sahel