La machine ivoirienne en panne

Publié le 4 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

L’interrogation est sur toutes les lèvres. Davantage encore sur celles des financiers qui s’inquiètent de l’avenir de ce pays « autrefois prospère » et pour… le remboursement de leurs créances ! La dernière « auscultation » s’est déroulée dans le bureau du conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), le 31 mars, à Washington. Les vingt-quatre administrateurs qui veillent sur les finances de la planète se sont penchés ce jour-là sur l’état de santé de l’un des pays les plus malades d’Afrique. Membre du FMI depuis 1963, la Côte d’Ivoire a fait l’objet d’un examen. Celui-ci varie selon la situation de chaque pays : débiteur ou non du Fonds, demandeur ou non d’une facilité de crédit…
Le Fonds envoie sur place une équipe d’experts chargée de discuter avec les responsables du pays de la gestion économique et financière, et de collecter les données nécessaires. En vertu des nouvelles règles de transparence entérinées par le pays, l’essentiel de ces informations est rendu public quelques jours plus tard. C’est ainsi qu’un rapport a été publié par le FMI le 21 avril. Le diagnostic est inquiétant. Il indique que la relance économique est tributaire de plusieurs paramètres et pas seulement de la fin de l’instabilité politique. S’il veut un jour bénéficier de l’aide « postconflit » de la communauté financière internationale, le gouvernement de Laurent Gbagbo devrait mettre de l’ordre notamment dans le budget de l’État, les finances des institutions et entreprises publiques, le secteur bancaire, la filière cacao et le secteur des hydrocarbures. Car l’économie ivoirienne est en train à nouveau de s’enfoncer dans la crise.
Le Produit intérieur brut (PIB), qui mesure la valeur marchande annuelle des biens et services, a diminué de 7,4 % entre 1999 et 2003, soit l’équivalent d’une perte nette de 900 millions de dollars. Le PIB de la Côte d’Ivoire est aujourd’hui équivalent à celui de… Chypre (11 milliards de dollars), pourtant vingt fois moins peuplée. Sa dette extérieure dépasse les 16 milliards de dollars. Et le Fonds note, malicieusement, que le gouvernement ivoirien ne rembourse à présent que le FMI et la Banque mondiale pour ne pas se les mettre à dos… En mai prochain, Abidjan devrait rembourser au seul FMI la somme de 24 millions de dollars, en sachant que le FMI a arrêté depuis 2002 de lui verser la moindre avance…
Les administrateurs insistent pour que l’État se mette en règle avec tous ses créanciers, y compris les entreprises et les banques locales. Qu’il combatte la corruption, le blanchiment d’argent, la fuite des capitaux, l’évasion fiscale… Qu’il réduise ses dépenses, à commencer par les salaires et l’armée, qu’il arrête de recruter des fonctionnaires… Faute de quoi il n’y a pas d’espoir que la machine économique se remette en marche comme au bon vieux temps du miracle ivoirien.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires