La déferlante de la « haute def »

Les appareils en haute définition arrivent sur un marché qui devra compter avec la forte concurrence des fabricants chinois.

Publié le 4 mai 2004 Lecture : 3 minutes.

Tout le monde en parle depuis le début des années 1990 : la télévision en haute définition (HD) arrive sur le marché. Mais malgré de nombreuses déclarations fracassantes, le public et les diffuseurs ont jusqu’ici boudé une technologie jugée pour l’instant trop coûteuse. L’image étant déjà très bonne sur les derniers modèles de téléviseurs, quel serait l’intérêt d’investir dans de nouveaux équipements ? En haute définition, les images affichées possèdent pourtant cinq à six fois plus de points que celles de la vidéo actuelle, atteignant un piqué et une netteté inégalables.
Le décollage du secteur de la haute définition est déjà une réalité, tout au moins au Japon et en Amérique du Nord, essentiellement du fait de la baisse des coûts de matériel de visualisation comme les écrans plats ou les vidéo-projecteurs. Les diffuseurs misent avant tout sur le sport, les émissions de charme ou le cinéma pour attirer les téléspectateurs sur les nouvelles chaînes dédiées à la HD. Presque 600 000 foyers au Canada seraient équipés d’un téléviseur HD, et quatre millions de ces nouveaux postes ont été vendus aux États-Unis en 2003. De nouveaux usages facilitent aussi la diffusion de la HD, comme le développement du DVD et celui du cinéma numérique. Dans les petites salles de cinéma, les projecteurs 35 mm sont avantageusement remplacés par des vidéo-projecteurs HD. Après les États-Unis, le Japon et l’Australie, le DVD en haute définition arrive à son tour en Europe. En France, l’éditeur Fox Pathé Europa va lancer le 12 mai trente mille exemplaires du film Taxi 3 en DVD avec un disque supplémentaire contenant une version HD utilisant la technologie Microsoft. La stratégie de Microsoft consiste à parier sur l’accroissement permanent des performances des ordinateurs. Car, d’ici peu, tout ordinateur neuf, avec un écran plat dernier modèle, saura lire et afficher de la HD, sans avoir besoin de prévoir un équipement additionnel.
Face à l’offensive Microsoft, les grands constructeurs électroniques proposent aujourd’hui deux formats DVD HD concurrents. Leurs solutions offrent l’avantage d’être lisibles sur tous types de lecteurs DVD, pour ordinateurs ou pour téléviseurs, mais imposent de changer d’équipements. En effet, le mode de lecture/gravure de ces nouveaux appareils est fondé sur l’utilisation d’un laser bleu, et non d’un laser rouge comme pour les DVD actuels. Le passage à cette technologie de longueur d’ondes plus fine, mais plus difficile à maîtriser pour les industriels, permet de stocker trois ou quatre fois plus d’informations.
Deux grands groupes de concurrents se font face, Sony associé à Philips et Matsushita, contre Toshiba et Nec associés à Thomson et Pioneer. Les premiers lecteurs et enregistreurs de DVD Sony à base de Blu-Ray (sa propre technologie laser bleu) sont déjà disponibles. Matsushita vient d’annoncer la sortie d’un modèle à 2 200 euros. Mais le format de DVD HD de Toshiba et Nec a une longueur d’avance : il a l’avantage d’avoir été approuvé par le DVD Forum, une association de plus de deux cents industriels dont Pioneer, Hitachi ou Thomson, qui vont fournir des produits compatibles avec ledit format. Toshiba, de son côté, va commercialiser ses premiers produits avant fin 2004, suivi par Nec en 2005.
Autre acteur de poids sur ce marché du futur, la Chine cherche à promouvoir son propre format haute définition, afin de s’affranchir du paiement des licences liées à la technologie DVD. Avec la collaboration des constructeurs taiwanais, les fabricants chinois ont défini leur propre format, l’EVD (pour Enhanced Versatile Disc). Ces derniers possèdent l’atout de produire plus des deux tiers des lecteurs DVD dans le monde. Des premiers lecteurs sont d’ailleurs déjà commercialisés, comme par exemple le Shinco EVD-8830 qui vaut 245 euros. Utilisant une technologie à base de laser rouge, ces lecteurs sont conçus pour pouvoir aussi lire les DVD classiques. Reste la question délicate de savoir si un lecteur EVD peut être juridiquement assimilé à un lecteur de DVD, à partir du moment où il sait aussi lire ces derniers. Personne ne peut donc encore garantir quels seront les gagnants de cette bataille des formats.

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