Deux candidats en quête de voix

Publié le 5 mai 2004 Lecture : 3 minutes.

Les rapports des inspecteurs ne jouent pas toujours un rôle décisif dans la désignation du pays organisateur. Il est arrivé, dans le passé, que le dossier techniquement le plus au point ne soit pas retenu. C’est que d’autres considérations entrent en ligne de compte…
L’issue du scrutin du 15 mai dépendra dans une large mesure de la position adoptée par Blatter. Celui-ci privilégiera-t-il, ainsi que l’en soupçonnent les Marocains, ses liens affectifs avec l’Afrique du Sud ? Ou s’en tiendra-t-il à une stricte neutralité ? Depuis le 30 septembre, le président de la Fifa a reçu Mandela à Zurich, rencontré les présidents Ben Ali et Moubarak, à Tunis et au Caire, et le roi du Maroc à Rabat, avant de répondre à l’invitation du président Thabo Mbeki. Partout, il a tenu un discours extrêmement prudent et, bien sûr, n’a rien dévoilé de ses intentions.
Blatter s’est également rendu dans la région du Golfe, où ses interlocuteurs l’ont vivement invité à soutenir le Maroc. Son ami le Qatari Mohamed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique (AFC) et vice-président de la Fifa, a plaidé auprès de lui dans le même sens. En tiendra-t-il compte ?
À l’inverse, le patron de la Fifa pourrait être tenté d’entrer dans l’histoire, au moins sportive, en étant le premier à octroyer à l’Afrique du Sud une compétition d’envergure planétaire. On lui prête l’intention de rester à la tête du foot mondial jusqu’en 2011. Dans cette perspective, il a évidemment besoin de s’assurer de soutiens. Est-il plus intéressant pour lui de se ranger derrière l’Afrique du Sud ou de rester « au-dessus des partis » ? Bien difficile à dire.
On peut estimer que les membres de la Confédération sud- américaine (où João Havelange, l’ancien président de la Fifa, reste influent) et de la Concacaf (Amérique centrale et du Nord et Caraïbes) – à l’exception, peut-être, de l’Américain Chuck Blazer – accorderont leurs suffrages à l’Afrique du Sud. Deux Asiatiques et un Océanien devraient faire le même choix. Restent les Africains et les Européens…
Le président français Jacques Chirac et le nouveau chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero ne font pas mystère de leur soutien à la candidature marocaine, qui peut ainsi compter sur les voix de Michel Platini et d’Angel María Villar Llona. En revanche, l’Allemand Gerhard Mayer-Vorfelder est très lié à Franz Beckenbauer, partisan déclaré de l’Afrique du Sud. Les cinq autres Européens, à commencer par Lennart Johansson, le président de l’UEFA, sont dans l’expectative. Sans doute adopteront-ils la même position que leurs quatre collègues africains, les deux confédérations entretenant depuis longtemps des relations étroites. Or Issa Hayatou, le président de la CAF, qui a lui aussi été reçu par Mohammed VI à Tanger et par Mbeki à Pretoria, se garde pour l’instant de prendre position. Slim Aloulou et Amadou Diakité sont dans le même cas. Quant au Botswanais Ismaël Bhamjee, qui estime avoir été « trahi » par les Sud-Africains lors de l’élection à la présidence de la CAF, il semble mijoter une surprise. Reste à savoir combien de suffrages asiatiques Mohamed Bin Hamman réussira à rallier à la candidature marocaine.
Le match s’annonce disputé, et le résultat serré. Si les cinq candidats se maintiennent jusqu’au bout, ce qui semble improbable, le scrutin devrait comporter au moins deux tours. Il paraît en effet difficile d’imaginer que l’un des candidats réussisse au premier tour à obtenir la majorité absolue, soit 13 voix sur 24. Rappelons qu’en cas d’égalité, la voix du président est prépondérante.

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