Des subventions au goût amer

Une ONG britannique dénonce la politique déloyale des Quinze.

Publié le 4 mai 2004 Lecture : 1 minute.

Dans un rapport rendu public le 13 avril, l’Oxfam, une organisation non gouvernementale (ONG) britannique, dénonce, chiffres à l’appui, la politique sucrière des Quinze. L’ONG accuse l’Europe de favoriser la surproduction en maintenant le prix du sucre dans la communauté à un niveau trois fois supérieur à celui du marché mondial. Bruxelles accorde, dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), pour 1,3 milliard d’euros de subventions à l’exportation sucrière et près de 833 millions d’euros à des mesures internes de soutien à la filière. Selon l’Oxfam, ce régime profite essentiellement à un grand cartel de négociants raffineurs. Ainsi, le français Beghin Say aurait reçu 236 millions d’euros de subventions à l’export en 2003, l’allemand Sudzucker 201 millions, le britannique Tate and Lyle 158 millions. Les six principaux négociants européens auraient perçu quelque 819 millions d’euros en 2003.
Ces subventions, qui dopent la production, influent fortement à la baisse sur les cours mondiaux, ce qui affecte des milliers de petits producteurs dans les pays en développement. Le Brésil, l’Australie et la Thaïlande ont déposé une plainte, qui a de grandes chances d’aboutir, auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Brésil et la Thaïlande perdraient respectivement 494 millions et 151 millions de dollars sur leurs exportations, malgré un coût de production particulièrement bas. En Afrique, le manque à gagner du Mozambique et du Malawi est estimé par l’Oxfam à 238 millions de dollars depuis 2001. Ce que conteste Bruxelles en mettant en avant son initiative « Tout sauf les armes », entrée en vigueur en 2001 et qui exonère de taxe les produits en provenance des pays les plus pauvres. Cette mesure aurait permis d’accroître les exportations de sucre de quelques pays africains vers l’Europe, notamment le Mozambique, l’Éthiopie et le Burkina.
L’Oxfam réclame des Quinze une réduction de la production et une suppression des subventions à l’exportation. L’Europe et les raffineurs ne ferment pas la porte à une réforme… mais demandent du temps.

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