Des ressources éternelles

La nature ne manque pas de richesses : à chaque région de trouver la meilleure solution pour éclairer sa population.

Publié le 4 mai 2004 Lecture : 5 minutes.

Vent Valoriser la force des courants
Les premières mentions d’un moulin-à-vent remontent à la Perse du VIIe siècle. La conception de l’éolien n’a guère changé au cours des siècles, mais les matériaux et la technologie ont évolué. Les pales des éoliennes modernes sont réalisées en fibre de verre et en matériaux composites, notamment avec de la fibre de carbone, appréciée pour sa légèreté et sa résistance. La plupart des éoliennes modernes sont à axe horizontal et sont généralement munies de trois pales, mais parfois de deux pales ou d’une seule. En Afrique, sur le littoral ou dans les montagnes, le potentiel éolien est très largement inexploité. Après le Maroc, la Tunisie et la Libye, l’Égypte est le quatrième pays africain à recourir à cette technique à grande échelle. Le gouvernement a annoncé un plan ambitieux de développement de l’énergie éolienne de 3 500 MW d’ici à 2010.
Le Maroc dispose déjà de nombreuses infrastructures de ce type. Les 3 500 km de ses côtes maritimes ainsi que les centaines de kilomètres de crêtes de ses chaînes montagneuses constituent des sites très adaptés pour tirer bénéfice des vents. Il faut ajouter à cela le prix de revient relativement bas de l’électricité produite à partir de cette source. Le gouvernement a mis l’accent, pour le moment, sur le développement de parcs éoliens de grande capacité de production, comme celui de Koudia Al Baïda, où 84 éoliennes délivrent une puissance de 50 MW. Conforté par le succès de ce premier projet, l’Office national de l’électricité (ONE) a démarré un deuxième projet plus ambitieux d’une puissance totale de 200 MW, pour les populations du nord de Tanger et de Tarfaya, dans le sud du pays.
La production d’électricité par énergie renouvelable ne pourra pas se développer sans l’exploitation de l’énergie éolienne, qui intègre le coût de production le plus faible, comparable à celui d’une centrale au gaz. Mais le ticket d’entrée reste plus élevé pour l’éolien que pour le gaz. L’économie intervient ensuite dans la phase de fonctionnement, puisqu’il n’y a pas de combustible à extraire et à acheminer. Reste toutefois un problème : les variations de l’intensité du vent, encore plus capricieux que le soleil. Une première solution pour les petites installations est de combiner le solaire et l’éolien, car il est rare de n’avoir aucun des deux. Pour remédier à l’irrégularité de cette énergie, la tendance actuelle consiste à les installer en mer, où les vents marins sont puissants et réguliers.

Eau Des grands ouvrages aux microbarrages
L’Afrique possède un énorme potentiel hydroélectrique inexploité. Pourtant, le continent est le moins équipé du monde en barrages. Et les seuls ouvrages existants laissent souvent à l’écart du développement les zones rurales. Placés sur les cours d’eau les plus importants, ils ont pour vocation d’alimenter les grands centres urbains. Si bien que les communautés villageoises misent de plus en plus sur les microcentrales hydrauliques, suffisantes pour alimenter en électricité un village ou une petite industrie.
Leur principe de fonctionnement est simple. Une partie de l’eau d’une rivière, d’un gros ruisseau ou d’un canal d’irrigation est détournée pour alimenter une turbine qui génère de l’électricité. Celle-ci est ensuite distribuée aux différents foyers grâce à un réseau électrique local, ou par l’intermédiaire de batteries rechargeables, si les habitations sont trop dispersées. En fonction du climat, on peut prévoir un espace de rétention de l’eau en amont. En saison sèche, celle-ci est alors accumulée pendant la journée puis utilisée dans la soirée, quand les besoins en éclairage se font sentir.
Afin de réduire les coûts de construction d’une microcentrale, il est préférable de faire appel aux infrastructures existantes, comme un canal d’irrigation, et aux équipements locaux. Des pompes agricoles peuvent, par exemple, être utilisées à l’envers comme turbines, de même que certains moteurs peuvent servir comme générateurs, ce qui réduit les coûts d’investissement.
Le frein essentiel à la diffusion de ces techniques reste l’investissement initial en formation, aussi bien des industries locales qui fabriquent les différentes pièces que des opérateurs locaux chargés d’assurer le fonctionnement et la maintenance. Une fois les premières installations réalisées dans une région donnée, le personnel formé sur place peut ensuite prendre en partie le relais. Le développement de ces micro-installations est prometteur pour électrifier à moindre coût les zones rurales situées en dehors des circuits électriques nationaux. Cette technique semble plus robuste que l’éolien, les batteries ou le solaire pour un meilleur rendement. Elle serait aussi dix fois moins chère que le système solaire le plus abordable. Des chercheurs travaillant pour l’université anglaise de Nottingham Trent, qui ont conduit des projets de microcentrales au Kenya, ont évalué les coûts de l’électrification d’un village de 65 maisons avec une ou deux lampes et une radio par foyer, à 70 euros par foyer. Seul inconvénient, tous les villages ne sont pas suffisamment proches d’un cours d’eau. Le Nigeria a planifié plus de deux cents projets de microcentrales pour une production totale de 700 mégawattheures.

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Soleil Le photovoltaïque sous-exploité
Le soleil est potentiellement la première source d’énergie en Afrique. Sa valorisation est très diverse, depuis les petites cuisinières solaires jusqu’aux grandes centrales solaires. Dès les années 1950, des capteurs géants ont été installés au Sahel, et 1978 a vu la construction au Niger de la plus grande centrale solaire au monde.
De nouveaux projets de centrales solaires sont annoncés en Afrique du Sud, d’une puissance de 100 mégawatts, et en Algérie, en utilisant un système mixte solaire-gaz.
Mais le plus demandé, ce sont les panneaux photovoltaïques qui convertissent le rayonnement du soleil en électricité. Ils conviennent aussi bien pour l’éclairage, les réfrigérateurs et les pompes que pour les stations terriennes destinées à la téléphonie cellulaire ou aux faisceaux hertziens (radio, télévision). De 1984 à 1990, en République démocratique du Congo, 750 systèmes d’éclairage et 100 systèmes de réfrigération pour le stockage de vaccins dans des dispensaires ruraux ont été alimentés par l’énergie photovoltaïque. Lancé en 1985 au Niger, le Programme spécial énergie a permis de réduire la consommation de bois en milieu urbain, en installant des systèmes solaires au profit de l’hydraulique villageoise, de la santé et de l’éducation. Notamment Kananbakaché où la plus grosse pompe solaire de l’Afrique de l’Ouest alimente plus de 4 000 personnes. Quant à la Tunisie, elle a installé en 2002 près de 15 000 m2 de capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire, et pas moins de 1 200 foyers ruraux ont été équipés en systèmes photovoltaïques.
Pourtant, le coût de cette technique reste trop onéreux et limite son extension. Notamment depuis la dévaluation du franc CFA, la plupart des composants entrant dans la fabrication des appareils solaires étant importés. Seuls le Maroc, l’Égypte, le Sénégal et l’Afrique du Sud sont un peu mieux équipés que la moyenne. Au Mali, par exemple, les Nations unies estiment qu’il faudrait 820 000 équipements solaires, collectifs et individuels pour couvrir l’ensemble des besoins. Pour l’instant, on en compte moins de 3 000. Signe favorable : les premières sociétés africaines disposant de technologies fiables pour des petits projets commencent à construire ce type d’équipements. C’est notamment le cas au Ghana, en Zambie, en Afrique du Sud et en Tanzanie.

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