Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 3 avril 2006 Lecture : 8 minutes.

Danser, mais aussi réfléchir
J’ai lu avec attention votre article sur le rôle des musiciens dans la politique en République démocratique du Congo (voir J.A. n° 2356). En tant que fils de ce pays, je ne suis pas surpris que ceux-ci interviennent dans la prochaine campagne électorale. Toutefois, je pense qu’il serait sage de les en empêcher.
Qui ignore que Werrason et JB M’Piana symbolisent la dislocation qui a engendré un tribalisme difficile à éradiquer ? Qui oublie qu’il y a eu des blessés lors d’affrontements entre les camps de leurs fans respectifs ? Werrason est d’ailleurs plus populaire que JB M’Piana et jouit de la faveur de certains ministres. Papa Wemba et Koffi Olomidé sont également deux frères ennemis.
Comme vous l’avez écrit dans le n° 2355, la RDC va connaître l’élection de tous les dangers et de tous les espoirs. La musique a été longtemps utilisée par nos dirigeants pour endormir le peuple. On dansait plutôt que de travailler ou réfléchir. Il faut qu’aujourd’hui les Congolais se montrent responsables et votent en leur âme et conscience.
Johnny Ntumba Dipa, Osaka, Japon

Demain, la « Pax africana »
Après la Pax britannica, qui a conduit à l’hégémonie de la première puissance coloniale du monde à l’époque où le charbon était la principale source d’énergie de l’industrie, la roue de l’Histoire fait de l’Amérique la nouvelle proue du monde. Une Pax americana est instituée, nageant dans le pétrole, avec un ordre mondial placé sous le signe de la révolution numérique. Notons cependant l’émergence attendue de la Chine de Deng Xiaoping et de l’Inde, spécialiste inégalé des délocalisations en matière de services. Tous ces changements, dont nous sommes aujourd’hui les témoins et les acteurs, portent à l’afro-optimisme. Si nous le voulons, notre « effacement », comme disait Cheikh Anta Diop, n’aura qu’un temps. La résistance à la marginalisation passe par une synergie des idées, l’optimisation des actions, l’union des faiblesses et des atouts, la transcendance des égoïsmes nationaux. C’est ainsi que viendra le temps de l’Afrique. La Pax africana est possible.
Traoré Yaya, Dreux, France

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Bravo les « 500 »
J’ai acheté votre numéro spécial Les 500 premières entreprises africaines, comme je le fais toujours pour vos hors-série qui traitent d’économie. Je tiens à vous adresser mes félicitations pour l’excellent travail que vous avez réalisé, notamment en ce qui concerne la collecte des informations. J’imagine aisément les mille et un obstacles que vous avez dû surmonter pour éditer ce document d’une qualité exceptionnelle.
Babacar Diallo, France

Pour l’unité du Maghreb
J’ai beaucoup apprécié votre éditorial sur les « doyens de l’indépendance » (voir J.A. n° 2357). Il confirme, une fois encore, votre militantisme pour la libération nationale de la Tunisie et pour la cause du Maghreb. L’erreur historique commise par notre génération et celle qui nous a précédés est de n’avoir pas su ou pu faire avancer un Maghreb économique dès les premières années de l’indépendance, aux premiers balbutiements de la planification et quand l’Europe lançait la Communauté du charbon et de l’acier puis, en 1956, le Marché commun. Il n’y avait pas de Sahara occidental à l’époque et l’enthousiasme pour l’unification du Maghreb était à son apogée. Le peuple maghrébin paie lourdement les conséquences de cette erreur.
Nous ne devons plus nous croiser les bras. Il faut que deux pays, au minimum, commencent le parcours : Maroc-Tunisie ou Algérie-Tunisie, faute d’Algérie-Maroc. Je suis convaincu que, à l’instar de l’Europe, le premier pas franchi entraînera une évolution naturelle des événements. Beaucoup de jeunes Maghrébins, ainsi que des entrepreneurs et cadres des trois pays, Algérie, Maroc, Tunisie, apprécieront de voir un magazine comme Jeune Afrique poser le problème de l’absurdité du blocage de la construction maghrébine.
Moncef Guen, Président de l’Association du Grand Maghreb

Migrations : halte à l’indifférence
L’immigration, clandestine ou légale, inquiète et mobilise les Occidentaux. En revanche, aucun chef d’État africain ne se prononce sur la question. Il est pourtant de leur devoir de mettre fin à ces départs en masse, souvent périlleux et parfois fatals. Leur culpabilité est-elle si grande qu’ils préfèrent fuir leurs responsabilités ?
Beaucoup d’immigrés africains qualifiés qui n’ont pas eu la chance de trouver un travail en accord avec leurs compétences en Occident ont envie de rentrer chez eux. Mais, pour cela, il faudrait une politique d’accueil, d’encouragement et d’investissement.
C’est une nécessité pour l’Afrique, qui ne peut avancer si elle reste privée de son intelligence et de son savoir-faire.
Newton Moyen, Casablanca, Maroc

Citer les Livres avec exactitude
Je suis un fidèle lecteur de votre journal, que je lis chaque semaine avec plaisir. En général, j’aime bien les articles de Mohamed Talbi, qui sont toujours objectifs et mesurés.
Pourtant, en page 112 de votre numéro 2353, M. Talbi écrit dans son article intitulé « Intox et liberté » : « Le terme terroriste n’existait pas encore pour désigner [le prophète Mohammed], mais il fut introduit dans l’actuel catéchisme de l’Église catholique (§ 2297) avec une allusion à peine voilée à l’islam. » Je suis allé consulter mon catéchisme de l’Église catholique et, au paragraphe 2297, voici ce qui est écrit : « Ces enlèvements et les prises d’otages font régner la terreur et, par la menace, exercent d’intolérables pressions sur les victimes. Ils sont moralement illégitimes. Le terrorisme qui menace, blesse et tue sans discrimination est gravement contraire à la justice et à la charité »
Où M. Talbi voit-il, dans cet article, une allusion à Mohammed et à l’islam ? Il n’est pas bon d’écrire des choses inexactes lorsqu’il s’agit (surtout aujourd’hui) de l’islam et des chrétiens.
C. Guizonnier, Bordeaux, France

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Quel courage d’avoir repris l’ancien titre !
Comme j’ai été satisfaite le jour où j’ai reçu le journal avec son ancien nom : Jeune Afrique !
Je vous félicite pour avoir eu le courage de reconnaître que le terme « L’intelligent » n’avait pas plu à de très nombreux lecteurs.
Une très ancienne lectrice du Burkina, maintenant en France.
J. Zobel, Auxerre, France

Nous sommes de la même famille
Notre culture occidentale est la culture universelle. Notre démocratie est LA démocratie.
Sûrs de posséder et d’uvrer de façon quasi irréprochable, nous pouvons nous permettre de donner des leçons aux autres. Ainsi pourrions-nous dire au monde arabe ce qu’est la liberté d’opinion, et même qui est Dieu et qui est Mohammed. Malgré les enseignements reçus de notre proche ou lointaine histoire, nous sommes « malades » : nous avons un cancer incurable qui se nomme sentiment de supériorité. N’est-ce pas aussi ce que l’on appelle l’esprit colonialiste ?
Pour ma part, je crois que notre famille est la même, que l’on soit au nord ou au sud de la Méditerranée. Rien, sinon une argumentation raciste, ne me démontrera le contraire.
Pourquoi nos médias et nos politiques ne nous parleraient-ils pas de ce qui nous rapproche, plutôt que de ce qui nous sépare ? Hier encore, nous avions une histoire commune, pourquoi aujourd’hui n’aurions-nous pas une vie commune ?
Dès lors, quelle leçon d’humanisme et de complémentarité donnerions-nous !
Manex Lanatua, Ahaxe, France

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RD Congo : quelle laïcité ?
La Constitution qui régit désormais la République démocratique du Congo (RDC) a été promulguée le 18 février 2006. Cet événement historique a été salué par la majorité des Congolais et Congolaises, qui ont approuvé par référendum son contenu, le 5 décembre 2005. À ce stade d’avancement des futures institutions, deux souhaits peuvent être formulés. D’une part, voir cette nouvelle Constitution s’appliquer en conformité, et, d’autre part, poursuivre la réflexion sur son contenu, afin d’anticiper des éventuelles ambivalences. Une loi, même si elle est ingénieusement rédigée, risque toujours d’être interprétée dans un sens différent de celui prévu par le législateur.
Pour ce qui concerne la nouvelle Constitution de la RDC, dans son article 1er, alinéa 1er, il est écrit que le pays est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un État de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc. À l’article 74, l’alinéa 2 stipule qu’avant son entrée en fonctions, le président de la République élu prête, devant la Cour constitutionnelle, le serment ci-après : « Moi élu président de la RDC, je jure solennellement devant Dieu et la nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois républicaines, de maintenir son indépendance et l’intégrité du territoire ».
Le fait que le président élu doive prêter serment au nom de Dieu, dans un État dit laïc, suscite des interrogations relatives au sens à accorder à la notion de laïcité. Autrement dit : quelle est, dans cette Constitution, la portée juridique de la laïcité ? Peut-on supposer que la RDC, en tant que pays, sera laïque mais pas ses institutions ? Quelle place accorder à Dieu dans une république qui se veut laïque en dépit d’un quasi-monopole religieux que détient le christianisme ? Seule une réflexion multidisciplinaire pourrait, peut être, répondre à ces questions. Ce qui est sûr, c’est que le législateur congolais devrait donner une définition de la « république laïque » adaptée au contexte sociopolitique et religieux du pays.
En France, le président élu ne prête pas serment devant Dieu. Aux États-Unis, le président prête serment sur la Bible lors de son investiture, et les références à Dieu sont omniprésentes dans la vie politique. La devise officielle est d’ailleurs In God We Trust. Néanmoins, dans la Constitution et dans la Déclaration des droits du citoyen, il n’est jamais fait référence à Dieu. Dans son article 6, elle pose le principe de la séparation officielle de l’État et de la religion. D’après certains auteurs, cette séparation aurait été prévue pour garantir la liberté de culte.
La Belgique n’est pas constitutionnellement laïque, quoique les principes de laïcité (liberté de religion, pluralisme, etc.) soient garantis. Actuellement, six religions sont reconnues : le catholicisme (auquel est reconnu également une position de confession dominante dans le royaume), le protestantisme, l’anglicanisme, l’orthodoxie, le judaïsme et l’islam ; auxquelles vient s’ajouter une communauté dite laïque, traitée de manière analogue, et qui reçoit, à l’instar des religions, des subsides de l’État.
Ainsi, compte tenu de la position sociopolitique et religieuse actuelle en RDC, de l’implication active des citoyens dans la vie politique, du poids important des religions, toutes tendances confondues et de leur influence sociopolitique évidente, la laïcité constitutionnelle de la RDC nécessite d’être clarifiée. Ensuite, à supposer que le chef de l’État élu ne soit pas croyant, devra-t-il tout de même prêter serment devant Dieu ?
Justin Basghwira, Région parisienne, France

L’Allemagne applaudit
Je tiens à vous féliciter pour votre décision de revenir à l’ancien titre : « Jeune Afrique ». Votre explication publiée dans le n° 2355 très claire. J’ai applaudi spontanément.
Ayant correspondu avec vous lors du changement de nom, il y a six ans, je suis très soulagé de cette volte-face. Chaque fois que j’ai cité votre revue à des collègues allemands, leur réaction a toujours été incompréhension et incrédulité. J’ai une admiration grandissante pour Jeune Afrique et vous souhaite un succès continu.
Eberhard Umbach, Zernin, Allemagne

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