Dakar Restaurant Week : le marathon culinaire du Chef Aziz
La première édition de cet événement destiné à rapprocher les Dakarois de la gastronomie a été un franc succès pour Aziz Agbo-Panzo, promoteur culinaire et cuisinier.
L’acronyme pourrait faire penser à celui d’une ONG quelconque, voire d’une agence onusienne, dans cette capitale sénégalaise qui en compte tant : Cowaf. Il désigne en réalité une communauté de gourmets africains – d’ascendance ou de cœur – qui s’échangent à longueur d’année recettes et photos de leurs agapes, du brunch au dîner.
Créé en 2012, ce groupe Facebook privé signifie : Cooking With Aziz and Friends. Son initiateur, Aziz Agbo-Panzo, est à l’origine de la Dakar Restaurant Week (DRW), dont la première édition s’est tenue dans la capitale sénégalaise du 12 au 19 février. Inspirée d’expériences menées précédemment en France, aux États-Unis ou au Canada, cette semaine d’incitation à fréquenter les restaurants repose sur un principe simple : un tarif forfaitaire dans chaque établissement partenaire, ainsi qu’un menu complet concocté pour l’occasion. Pour le déjeuner, 9 000 francs CFA (13,60 euros) et pour le dîner, 15 000 francs CFA (22,80 euros).
Aujourd’hui, Cowaf revendique 19 000 membres, dont 12 000 au Sénégal, les autres essentiellement répartis entre le Canada et les États-Unis.
Cuisinier par hasard
Ce 19 février, vers 12h30, en contrebas du phare des Mamelles, à Dakar, le Mélo est plein à craquer à la veille de la clôture de la Dakar Restaurant Week. Aziz Agbo-Panzo, 44 ans, est venu y bruncher avec sa maman. Cet ancien basketteur à la carrure imposante s’est mis à la cuisine par hasard, au moment de partir loin du Sénégal pour poursuivre ses études en France dans un internat, alors qu’il n’avait que 12 ans.
Très vite, les plats traditionnels sénégalais lui manquent cruellement. Alors, durant ses vacances au pays, sa grand-mère lui enseigne comment cuisiner le yassa, le mafé et autres spécialités incontournables. Quelques années plus tard, alors qu’il a posé ses valises aux États-Unis, le colosse prend l’habitude de préparer des repas sénégalais pour ses coéquipiers.
Je suis cuisinier mais ce que je cherche avant tout, c’est à mettre en valeur des individus et des business
Cette passion pour la cuisine le conduit à créer ZBox Cuisine, « afin de ramener les recettes issues de mes nombreux voyages à un niveau local », dit-il. Cuisine thaï, africaine, française… le chef improvisé touche à tout avant de se spécialiser, en parallèle, dans les emballages et ustensiles de cuisine.
Formé aux États-Unis dans la gestion en restauration, Aziz Agbo-Panzo se définit comme un organisateur et promoteur culinaire. « Je suis cuisinier mais ce que je cherche avant tout, c’est à mettre en valeur des individus et des business », résume-t-il.
Pour la Dakar Restaurant Week, il est allé démarcher personnellement, un par un, depuis août 2021, les 17 établissements associés à l’événement, aux Almadies comme au Plateau et jusqu’à Diamniadio, en périphérie de la capitale. De La Trattoria Da Alex à Aikena Cakes, en passant par O Sushi Bar, des restaurants des grands hôtels (Pullman, Onomo, Radisson) au Mélo, spécialisé dans les brunchs, il tire un bilan très positif de cette première édition, à l’occasion de laquelle les restaurants n’ont pas désempli.
Semaine des traiteurs
« Pour la prochaine, j’aimerais pouvoir étendre ce principe à l’ensemble du territoire sénégalais. Par ailleurs, des traiteurs se sont manifestés et ont demandé à être associés au projet. Je travaille donc en parallèle sur une ‘semaine des traiteurs’. »
En octobre, Aziz Agbo-Panzo entend bien exporter l’événement en France, où la Paris African Restaurant Week devrait se tenir dans le cadre de la 32e Semaine du goût.
Puis viendront Abidjan et Conakry si tout va bien.
Comme il le fait dans son groupe Facebook, Chef Aziz espère fédérer les restaurants mais surtout – au-delà de leur carte – optimiser ces dimensions essentielles, trop souvent négligées par les restaurants dakarois : « Je souhaite les épauler en ce qui concerne leur présence sur les réseaux sociaux, la mise à jour de leurs photos, le dressage des plats, la décoration des établissements… »
D’ores et déjà, Aziz Agbo-Panzo peut savourer sa réussite et envisager la suite avec optimisme. « Un restaurateur nous a dit avoir récupéré son investissement dès le premier jour. Et d’autres ont vu leurs réservations saturées pendant toute la semaine, ce qu’ils n’avaient encore jamais connu. »
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