Serge Lutens, le génie sorti du flacon

Publié le 3 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

En 1968, lors de son premier voyage à Marrakech, Serge Lutens achète dans un souk un morceau de cèdre odorant. Un véritable choc olfactif. « Je l’ai conservé pendant des années dans une boîte en thuya, bien loin d’imaginer que je deviendrais un jour créateur de parfum. Le Maroc est à l’origine de ma vocation. » Lutens est devenu le meilleur « nez » de son époque. En 2002, il a reçu le FIFI Award du meilleur concept original, la plus prestigieuse distinction dans son domaine.
Quand il est de passage à Paris, il descend au Ritz, mais c’est à Marrakech qu’il a choisi de vivre. « Il y a quarante ans, c’était encore une petite ville presque sans touristes. J’ai eu l’impression d’entrer dans un autre monde : la place Djemaa el-Fna avec ses conteurs, son brouhaha, ses souks, ses épices, sa sensualité » Depuis 1974, il habite dans la palmeraie une maison avec un jardin de plusieurs hectares où fleurissent roses, jasmins, fleurs d’oranger, lauriers et figuiers. Il possède aussi un ryad dans la médina, qu’il a fait restaurer dans le respect de la tradition par les meilleurs artisans marocains. Il y conserve l’ensemble de ses créations. Une sorte de musée intime.

Né en 1942 à Lille, dans le nord de la France, Lutens devient à 20 ans photographe pour le prestigieux magazine Vogue. En 1968, la maison Christian Dior lui confie sa direction artistique et le charge de créer une ligne de maquillage. Depuis 1980, il est responsable de l’image internationale de Shiseido, la marque de cosmétiques japonaise. C’est en 2000 qu’il lance enfin sa propre marque : les Parfums Serge Lutens, qu’il décrit comme à la fois féminins et masculins puisque, selon lui, « une fragrance prend le caractère de celui ou celle qui la porte ». Sa luxueuse boutique parisienne, sous les arcades des jardins du Palais-Royal, à deux pas du musée du Louvre, est d’inspiration nettement arabisante. On y croise, parmi beaucoup d’autres, Catherine Deneuve, Madonna ou Karl Lagerfeld.
À Marrakech, il choisit des essences traditionnelles, naturelles et rares : écorces confites de mandarine, figues séchées, dattes, musc, santal Ses créations s’inspirent d’un paysage, de la richesse des odeurs qui l’entourent. Ce passionné travaille à la manière d’un artisan hors des modes et des tendances. Pour lui, le parfum doit demeurer un luxe. Serge Lutens n’est peut-être pas ce djinn des Mille et Une nuits qui s’échappe du flacon, mais, à sa manière, c’est un génie.

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