3 questions à Rachid Tlemçani

Sociologue et politologue

Publié le 3 avril 2006 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Pourquoi le gouvernement menace-t-il les ?écoles privées ?
Rachid Tlemçani : Il leur reproche de dispenser l’essentiel de leur enseignement en français. Mais l’État ne subventionne pas ces écoles, qui devraient par conséquent n’être soumises, comme n’importe quelle entreprise, qu’à la seule loi du marché. Le problème, c’est que l’État ne veut pas prendre le risque de voir « l’école libre » prospérer, alors que le public est en déliquescence. Le clan dominant au sein du pouvoir veut faire en sorte que l’école, comme d’ailleurs la radio et la télévision, reste sa chasse gardée.
L’école publique est-elle vraiment en faillite ?
Elle traverse une crise profonde. Sa méthode pédagogique est fondée sur la soumission et privilégie l’intelligence réceptive qui annihile l’esprit créatif chez l’élève. Et ce n’est pas un hasard : sur 280 000 enseignants, dont 170 000 dans le primaire, seuls 40 000 sont titulaires d’une licence ou d’un autre diplôme universitaire. Et le budget de l’éducation est de loin inférieur à celui du ministère des Anciens Combattants.
Quelle est aujourd’hui la place du français en Algérie ?
Depuis l’élection de Bouteflika, la langue française a commencé à retrouver sa « place historique » dans la société civile, le commerce, l’économie. Il faut reconnaître au chef de l’État le courage politique d’avoir brisé le tabou de la langue. Désormais, des gens s’expriment en français sans craindre d’être accusé d’appartenir au hizb frança, le « parti de la France », et de manquer de patriotisme. L’introduction du français dès la deuxième année du primaire est sans nul doute un élément clé de la réforme de l’éducation en cours.

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