L’A-380 essuie les plâtres d’une jambe cassée

Publié le 3 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Le test d’évacuation de l’Airbus A-380, qui s’est déroulé dimanche à Hambourg, a été l’occasion de mesurer – outre les qualités de l’avion géant – la différence de sensibilité entre les médias européens et américains. Alors que la presse européenne, fidèle au communiqué d’Airbus, annonçait le succès de ce test crucial – 853 « passagers » et 20 membres d’équipage évacués dans l’obscurité en moins de quatre-vingt-dix secondes avec la moitié des issues de secours condamnées -, la presse américaine titrait unanimement sur la trentaine de blessés occasionnés par l’opération.

« 33 blessés dans l’exercice d’évacuation du superjumbo d’Airbus », annonçait ainsi USA Today, attaquant sur la jambe cassée de l’un des volontaires, avant de préciser, à la quinzième ligne de l’article : « Malgré les blessés, Airbus a déclaré que l’appareil avait réussi l’examen, tous les occupants ayant été évacués en quatre-vingts secondes. » Un angle repris quasi à l’identique par tous les grands médias américains, journaux et télévisions : « 32 blessés lors du test d’évacuation de l’Airbus » (Los Angeles Times), « L’évacuation de l’Airbus fait 33 blessés » (ABC News), « Presque trois douzaines de blessés dans l’exercice d’Airbus » (CBS). Selon l’International Herald Tribune, le test aurait même été interrompu devant le trop grand nombre de blessés ; une « information » diffusée par l’agence britannique Reuter, bien que démentie, le jour même, par le bureau français de la même agence.

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Pas de quoi rassurer les futurs passagers américains de l’A-380, déjà accusé dans la presse américaine d’être un éléphant blanc illégalement subventionné, trop lourd, dangereux pour les autres avions et doté d’ailes trop fragiles. Mais il est vrai qu’au pays de Boeing, aucune compagnie n’en a encore commandé. Côté européen, en revanche, l’inquiétude n’est pas de mise : il aura fallu en effet attendre la fin de la journée de dimanche 26 mars pour que les agences de presse – tout à la célébration de l’exploit technique – ne signalent, à leur tour, la jambe cassée et les blessés « légers », dévoilés en soirée par le communiqué de presse d’Airbus. S’il est un sentiment partagé de part et d’autre de l’Atlantique Nord, c’est bien le patriotisme économique.

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