Farouk Mardam-Bey

Grâce à son patient travail à l’Institut du monde arabe et aux éditions Actes Sud, où il dirige la collection « Sindbad », ce Syrien de 62 ans est parvenu à imposer de nombreux écrivains arabes dans le paysage littéraire français.

Publié le 3 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Que ce soit dans les couloirs des éditions Actes Sud, où il dirige la collection « Sindbad », ou dans ceux de l’Institut du monde arabe (IMA), dont il est conseiller culturel, vous ne trouverez personne pour dire du mal de lui. C’est peu dire que Farouk Mardam-Bey est aimé et respecté par tous. D’ailleurs, comment résister à cet homme charmant et discret, à la barbichette impeccable et à la voix douce et mélodieuse qui se teinte d’un léger accent oriental ?
Ce Syrien raffiné, né à Damas en 1944, a élu domicile en France après ses études de droit pour y apprendre les sciences politiques. Bibliothécaire à l’Institut des langues orientales pendant quatorze ans, il se forme « sur le tas » à l’histoire, une discipline qu’il affectionne particulièrement. Et qui l’amène à écrire, en 1992, en collaboration avec le Libanais Samir Kassir assassiné en juin 2005 à Beyrouth, Itinéraires de Paris à Jérusalem, la France et le conflit israélo-arabe. De 1989 à 1995, il est directeur de la bibliothèque de l’IMA. Son grand ami Pierre Bernard, le fondateur des éditions Sindbad en 1972, disparaît en 1995. La maison est rachetée la même année par Actes Sud, et Farouk Mardam-Bey devient directeur de la collection.
Dix ans plus tard, il fait le bilan : « C’est une très bonne chose d’avoir été racheté par Actes Sud et ça a été une chance pour la littérature arabe ! Sindbad sort une vingtaine de livres par an : c’est une maison d’édition à part entière. » Sindbad publie des classiques, mais aussi de la littérature contemporaine et des essais. Elle abrite plusieurs collections : la « Bibliothèque de l’islam » (textes de mystiques), la « Bibliothèque turque » (littérature classique ottomane), l’« Orient gourmand » (textes culinaires), « L’Actuel » (livres politiques), la « Petite Bibliothèque Sindbad » (poètes classiques et contemporains) et les « Illuminations » (Les Dits du Prophète, Les Dits de l’imam Ali).
Farouk Mardam-Bey, qui précise n’accepter que les manuscrits de langue arabe, défend une politique d’auteurs. Il aime travailler dans la continuité, comme avec le poète palestinien Mahmoud Darwich, dont il vient de publier le recueil Ne t’excuse pas, ou l’Égyptien Sonallah Ibrahim. Celui-ci a publié son premier livre chez Sindbad en 1985, et son dernier, Amrikanli (J.A.I. n° 2338 du 30 octobre 2005), est sorti l’année dernière. « Nous sommes fidèles, ce qui permet de leur faire un nom. Ce qui n’est pas chose facile avec la surproduction actuelle ! Certains écrivains arabes ont réussi à s’imposer dans le milieu littéraire français, comme Darwich et Naguib Mahfouz. En 2003, le Libanais Elias Khoury a vendu plus de 10 000 exemplaires de La Porte du Soleil. Quant à la littérature classique, contrairement aux idées reçues, elle se vend ! Ce sont des livres que les gens gardent. »
Aujourd’hui, Sindbad est l’une des rares collections à défendre la littérature arabe en France, ce que regrette Farouk Mardam-Bey : « Un éditeur ne peut pas couvrir la littérature de vingt pays ! Il faut que d’autres se mêlent de cette histoire, qu’il y ait du défi. Dans le monde arabe contemporain, ce qui se fait de mieux, c’est ce que produisent les écrivains et les artistes. Il faut en parler. »

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