Virée sur le lac Victoria

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Comme tous les matins, Ggaba, quartier de la périphérie est de Kampala, la capitale de l’Ouganda, est un cocktail de bruits, d’odeurs, de couleurs. Coups de klaxons intempestifs, appels indiscrets, voix de commerçants qui marchandent ou vendent leurs produits aux enchères. Murmures inaudibles du lac Victoria, là, à quelques mètres, ronronnements de pirogues motorisées ou de hors-bord qui glissent rapidement sur sa peau brune avant de disparaître au large. Fumet de capitaine ou de perche du Nil s’échappant d’une gargote ou d’un four et qui envahit les narines. Des échoppes en bois pleines de marchandises, des étals où trônent des légumes et des fruits verts, rouges, jaunes
Ggaba ne serait pas Ggaba sans le spectacle permanent qu’offre une colonie importante de marabouts. Becs énormes, têtes chauves et pattes grêles, ces grands oiseaux de plus d’un mètre de haut et aux caquètements impressionnants semblent avoir choisi de vivre en bonne intelligence avec les humains dont, visiblement, ils n’ont plus peur.
On les voit s’approcher de façon pataude d’un groupe de pêcheurs en train de préparer leurs filets. Au moindre mouvement brusque, ils feignent de s’enfuir, ou s’envolent, leurs ailes lourdes brassant violemment l’air, avant de retomber sur leurs longues pattes, tout près des piroguiers.
En tout cas, les marabouts respectent un certain code de conduite : ils ne foncent pas sur ce qui appartient aux marchands de poisson ou aux pêcheurs, se contentant de gober ce qui tombe ou ce dont personne ne veut. Mais les vendeurs restent vigilants.
Plus loin, en plein lac, d’autres oiseaux, les plumes immaculées, tranquillement juchés sur une pirogue, prennent un bain de soleil ou se livrent, en plongeant la tête dans l’eau, à une spectaculaire partie de pêche.
À Ggaba, nulle agitation, tout semble bien ordonné. Plusieurs fois par jour, des marchands arrivent par pirogues entières pour approvisionner le marché en produits agricoles ou lacustres. Comme ces petits coquillages de couleur foncée qui seront broyés pour ensuite servir d’alimentation à la volaille.

Au rythme de la pêche
Mais, présence du lac Victoria oblige, le pouls de Ggaba bat au rythme de la pêche. Les pêcheurs confient tous les jours leur poisson à une structure étatique de commercialisation. La vente réalisée, l’organisme retient un certain pourcentage et reverse le reste aux pêcheurs. Une partie du poisson finit dans les marmites des gargotes installées autour du lac. Une autre partie est destinée à la fumaison, activité généralement exercée par les femmes. Dans un coin du port, elles ont fait construire de grands fours en briques rouges. Au-dessus, elles ont placé des couches de grilles sur lesquelles le poisson, vidé, est mis à fumer au feu de bois. Les femmes achètent le combustible juste à côté, auprès de commerçants dont c’est la spécialité. À Ggaba, la complémentarité est une réalité.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires