Qui est le type derrière Michelle Obama ?

Bien parti pour représenter le Parti démocrate à l’élection présidentielle du 4 novembre, le sénateur de l’Illinois a dans sa manche un atout de charme : son épouse.

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 4 minutes.

« Elle est élégante et gracieuse, avec du tact et un maintien parfait. On l’imagine très bien à la Maison Blanche », s’enthousiasme un consultant du parti démocrate. Barack, son mari, volant de victoire en victoire depuis le « Super Tuesday » du 5 février – même si la messe ne sera dite qu’après les primaires du Texas et de l’Ohio, le 4 mars -, il va falloir se faire à cette idée : Michelle Obama (44 ans) a le profil d’une First Lady très présentable. Autant, sinon davantage, que Cindy McCain, la blonde épouse du probable candidat républicain.
Longtemps, elle a détesté la politique et ne s’est prise au jeu que peu à peu. On raconte qu’il y a trois ans, lorsque Barack lui annonça son intention de briguer un siège au Sénat de l’Illinois, elle se serait écriée : « S’il te plaît, mon vieux, ne gâche pas tout ! » Redoutait-elle les conséquences de cet engagement sur leur vie conjugale ? Ou lui reprochait-elle de manquer d’ambition en s’égarant dans le marécage de la politique locale ? On ne sait.
Aujourd’hui en disponibilité de son poste de directrice adjointe d’un hôpital public de Chicago, où elle est chargée des relations extérieures, elle joue un rôle prépondérant dans la campagne, courant de meeting en talk-show télévisé pour, insensiblement, infléchir l’image du candidat. Celui-ci y perd un peu de son aura messianique et glamoureuse. Il y gagne une humanité un peu triviale, mais électoralement profitable. « Il ronfle, oublie de ranger le beurrier dans le frigo et laisse traîner ses chaussettes partout », feint-elle de se lamenter. Maureen Dowd, la vipérine éditorialiste du New York Times, l’accuse d’« émasculer » son mari. À quoi l’intéressée réplique en riant que celle qui émasculera le fringant Barack n’est pas encore née.
Bien entendu, tout cela est un show. Une opération de marketing politique calculée au millimètre pour s’assurer la connivence de ménagères a priori acquises à la cause de Mrs Clinton. Mais pas seulement. Car la belle Michelle est vraiment comme ça : à la fois calculatrice et spontanée, intellectuelle surdiplômée (Harvard, Princeton) et mère de famille intraitable, idéaliste et terriblement terre à terre, religieuse et coquette, sérieuse et drôle. Un peu puritaine sur les bords, sans doute, mais tellement sympathique « Elle est l’amour de ma vie et le roc sur lequel repose ma famille », commente son mari. « C’est un orateur capable d’enflammer les foules, mais vous savez quoi ? C’est avant tout un homme bon », lui retourne-t-elle.
On imagine que la décision de briguer la Maison Blanche n’a pas été prise sans son aval. Pour autant qu’on sache, elle a même donné lieu à une négociation serrée. D’abord, Michelle a imposé que Barack cesse de fumer. Ensuite, elle a exigé – et obtenu – des réponses claires à des questions qui ne l’étaient pas moins : « As-tu les moyens de résister à la machine Clinton ? » « Où trouveras-tu l’argent ? » « As-tu une quelconque chance de l’emporter ? » Et le plus beau : « Mérites-tu de l’emporter ? » Apparemment, le futur candidat a su se montrer persuasif.
Issue d’une famille ouvrière de South Side, l’un des quartiers les plus durs de Chicago, la jeune Michelle Robinson a dû très tôt manifester un caractère et une intelligence hors du commun pour échapper au sort le plus souvent promis aux jeunes Noirs désargentés. Son credo : travail, famille, communauté. Et aussi : discipline, volonté, moralité. Patrie ? Pas vraiment. « Pour la première fois de ma vie, je me sens fière de mon pays », a-t-elle récemment fait savoir. Une gaffe, peut-être, mais surtout un cri du cur. Même les partisans de McCain n’ont pas trop insisté. Les plaies de la ségrégation sont encore si mal refermées
La rencontre de Michelle et de Barack, au début des années 1990, dans un cabinet d’avocats de Chicago où, spécialiste du droit des affaires, elle est son supérieur hiérarchique, est amusante. Séducteur et sûr de lui, il entreprend de la draguer. Son invitation à dîner est déclinée. Il insiste, entraîne la farouche dans une église noire de South Side où il pilote divers programmes sociaux et se lance dans l’une de ces improvisations inspirées dont il a le secret. Bingo. « Je l’ai eue à l’usure », s’amuse-t-il.
Outre deux délicieuses petites filles (Malia Ann, 9 ans, et Natasha, 6 ans), il y gagnera, lui le métis à l’identité un peu floue, un ancrage communautaire et de précieux relais politiques. Au début de sa campagne électorale, les dirigeants africains-américains « historiques », notamment le pasteur Jesse Jackson, le snobent ostensiblement. L’écrivain Debra Dickerson trouve même une formule bêtement assassine : de père kényan, de mère texane et élevé à Hawaii, Obama ne porte pas la mémoire de l’esclavage et n’est qu’« un étranger ».
L’opinion africaine-américaine n’abandonnera le camp Clinton pour basculer dans celui du sénateur de l’Illinois que lors de la primaire en Caroline du Sud, un État majoritairement noir. Entre-temps, de l’Iowa au New Hampshire, le mari de Michelle Obama avait fait la démonstration que ses chances de l’emporter n’étaient pas une illusion.

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