Peine de mort confirmée pour Ragoubi

Le procès en appel des trente djihadistes rescapés du groupe de Soliman a connu son épilogue dans l’après-midi du 20 février.

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

La cour d’appel de Tunis a confirmé la condamnation à mort de Saber Ragoubi, 24 ans, et commué celle prononcée en première instance à l’encontre de Imed Ben Ameur, 34 ans, en réclusion à perpétuité. 7 des 30 accusés ont vu leurs sanctions légèrement allégées. Verdict du procès en appel : 1 condamnation à mort, 7 peines de prison à perpétuité et des sentences allant de trois à trente ans pour les 22 autres prévenus. Les audiences se sont déroulées en présence d’observateurs étrangers et de diplomates occidentaux. « Le juge Manoubi Hmidane, qui présidait les débats, a la réputation d’être un dur, mais il s’est montré très respectueux des formes et a laissé les accusés et leurs défenseurs s’exprimer et dénoncer les conditions dans lesquelles les interrogatoires de police avaient été conduits, raconte l’avocat de l’un des prévenus les plus lourdement condamnés. Ça n’avait pas été le cas en première instance avec le juge Mehrez Hammami, et nous nous étions retirés sans plaider, pour protester contre ce qui ressemblait à une parodie de justice. »
Reconnus coupables de participation à une entreprise terroriste, les condamnés, membres de la mouvance salafiste, ont été impliqués dans des fusillades meurtrières avec les forces de sécurité, qui ont fait 14 morts, dont 1 policier et 1 militaire, entre le 23 décembre 2006 et le 3 janvier 2007 (voir J.A. n° 2452). « Les faits sont graves, mais justifiaient-ils des peines aussi lourdes, s’interroge notre avocat ? Non. Car tous les condamnés sont des seconds couteaux, des suivistes. Il n’est pas établi qu’ils savaient se servir d’une arme. Leur groupe possédait en tout et pour tout 6 kalachnikovs et quelques grenades. Il a compté 12 tués lors des affrontements. Tous les éléments aguerris qui ont ouvert le feu sur l’armée et la police à l’instigation de Lassaad Sassi, leur émir affilié au GSPC algérien [le Groupe salafiste pour la prédication et le combat] sont morts les armes à la main. Leurs comparses ont été arrêtés alors qu’ils fuyaient, après avoir été délogés du camp d’entraînement installé dans un massif montagneux et boisé proche de Grombalia. »
Saber Ragoubi a jeté un engin explosif artisanal en direction des policiers qui l’encerclaient. La bombe n’a pas explosé, mais c’est sans doute ce geste qui lui a valu d’écoper de la peine capitale. Il est aujourd’hui dans le couloir de la mort de la prison de la Mornaguia. Ses défenseurs se sont pourvus en cassation, sans trop d’espoir. Une fois tous les recours épuisés, son sort sera entre les mains du président Zine el-Abidine Ben Ali. La Tunisie observe, depuis fin 1991, un moratoire implicite sur les exécutions. Ben Ali, dans une interview accordée en novembre 2007 au Figaro Magazine, soit quelques semaines avant le début du premier procès, assurait qu’il ne signerait jamais l’exécution de condamnés à mort. Ces propos englobaient-ils aussi les islamistes, et sont-ils toujours d’actualité ? Les prochains mois le diront.

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