Lueurs d’espoir à Kampala

Si la signature d’un cessez-le-feu entre les rebelles de la LRA et le gouvernement constitue un pas supplémentaire vers la paix, des incertitudes demeurent.

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Après s’être violemment affrontés pendant plus de vingt ans, les rebelles nordistes de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony et le gouvernement ougandais de Yoweri Museveni ont signé, le 23 février, à Juba, dans le Sud-Soudan, un cessez-le-feu permanent, qui pourrait aboutir à un accord de paix global. De quoi susciter bien des espoirs à Kampala où tout le monde se prend à croire à la fin d’une guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et près de deux millions de déplacés.
Ce n’est pas la première fois pourtant que les deux parties se retrouvent autour d’une même table. Depuis juillet 2006, le mouvement rebelle et les autorités ougandaises ont engagé des négociations. Un premier cessez-le-feu avait même déjà été décidé en septembre 2006. Mais si aujourd’hui l’optimisme est de mise, c’est que les deux camps sont parvenus à s’entendre sur une question particulièrement épineuse : celle du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des rebelles, qui devraient faire, selon de nombreux observateurs, l’objet d’un accord.
De son côté, le gouvernement du Sud-Soudan semble avoir mis la pression sur la rébellion en lui interdisant l’accès à une partie de son territoire où elle pouvait opérer librement. Jusqu’ici, Khartoum utilisait la LRA comme une milice pour contrer l’Armée de libération des peuples du Soudan dans le Sud. D’aucuns craignent cependant qu’à l’approche du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan, en 2011, les hommes de Kony soient une fois de plus sollicités pour faire diversion.
Encore plus incertain est le sort réservé au leader de la LRA. Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le charismatique, et un brin mystique, chef rebelle avait plusieurs fois menacé de rompre les discussions s’il risquait d’être jugé à La Haye (Pays-Bas), siège de la CPI. Après avoir accepté de former un tribunal spécial relevant de la juridiction ougandaise pour juger Kony, Kampala a finalement estimé qu’il était prématuré de demander à la CPI de retirer ces mandats d’arrêt.
Autre source d’inquiétude : l’attitude des négociateurs de la rébellion. Le 28 février, faisant preuve de leur bonne volonté, ils se sont rendus à la base de la LRA, dans le parc national de Garamba, en République démocratique du Congo, pour soumettre à Kony l’accord prévu pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles. Six jours plus tôt, ils avaient rompu les pourparlers – une fois n’est pas coutume -, faute d’avoir obtenu des postes au sein du gouvernement. Bien que les contacts aient été renoués depuis, certains s’attendent à ce qu’il y ait de nouveaux clashs
Tout dépend de ce que les autorités sont décidées à faire pour reconstruire le Nord. Tant que cette région ne recevra que très peu d’aide de l’État, comme c’est actuellement le cas, il y a peu de chances, en effet, que le calme revienne de façon durable.

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