L’OCI en chantier
Pour le pays hôte, ce sommet sera l’occasion de renforcer le rayonnement d’une institution qui manque de visibilité politique et médiatique.
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Le 11e sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) doit être celui d’un nouveau départ pour cette institution créée en 1969 et qui regroupe aujourd’hui 57 pays. Malgré l’importance de la communauté qu’elle englobe – près de 1,2 milliard d’individus -, l’OCI manque de visibilité à la fois politique et médiatique. Pour y remédier, ses membres, réunis en session extraordinaire les 7 et 8 décembre 2005 à l’invitation du roi Abdallah d’Arabie saoudite, ont adopté le Programme d’action décennal de La Mecque (PAD), et feront le point, dans la capitale sénégalaise, sur le suivi et la mise en uvre de ce document d’orientation stratégique. « Le tsunami qui a ravagé les côtes de Sumatra et de la Thaïlande a agi comme un électrochoc, explique Madior Sylla, le directeur de la communication de l’Anoci. Cette catastrophe a frappé la Oumma en plein cur – l’Indonésie étant le premier pays musulman du monde – mais les ONG et les nations occidentales ont donné le sentiment de se mobiliser bien davantage en faveur des victimes que les pays de l’OCI. »
Retombées diplomatiques
Au-delà du rituel mais nécessaire appel au renforcement de la solidarité islamique, l’institution doit s’attacher à redorer le blason de l’islam, sali par les amalgames nés des attentats du 11 septembre 2001 et de l’affaire des caricatures du Prophète. Ce qui passe par une communication plus moderne et régionalisée. « Laïc, démocratique et pratiquant un islam modéré, le Sénégal et son président, Abdoulaye Wade, feront d’excellents ambassadeurs pour l’OCI, note un diplomate en poste à Dakar. Ce qui contribuera certainement à renforcer le rayonnement de l’institution. » Les retombées diplomatiques sont d’ores et déjà palpables pour le Sénégal, puisque le sultanat d’Oman vient d’annoncer l’ouverture d’une ambassade à Dakar. Un exemple qui pourrait être bientôt imité par certaines républiques d’Asie centrale comme le Kazakhstan ou l’Azerbaïdjan
En attendant, le sommet devra se pencher sur trois séries de questions qu’il devra trancher préalablement à une révision de la charte. La première concerne le sigle de l’organisation : le président iranien Mahmoud Ahmadinejad verrait bien l’institution se transformer en une Organisation des pays islamiques. Les pays du groupe africain, emmené par le Sénégal, mais aussi les nations d’Asie centrale nées de l’éclatement de l’Union soviétique y sont hostiles : un tel changement de dénomination poserait des problèmes juridiques insurmontables à ces États majoritairement peuplés de musulmans, mais qui sont des républiques laïques. L’Iran plaide par ailleurs pour un renforcement des mécanismes de sécurité collective et la conclusion d’un accord de défense entre les membres de la Oumma. Un souhait qui a peu de chances de se réaliser. Dernier sujet de friction, cette fois avec le Pakistan : la question des observateurs, aujourd’hui au nombre de cinq – la République de Chypre du Nord, la Bosnie-Herzégovine, la Centrafrique, la Thaïlande et la Russie (le russe est d’ailleurs, avec l’arabe, l’anglais et le français, une des quatre langues de travail de l’organisation). Islamabad veut clarifier les conditions permettant d’accéder à ce statut, afin de faire barrage à une éventuelle demande indienne
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