« Les Bienveillantes » mal accueillies

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 1 minute.

« Un roman raté, mal écrit, kitsch et porno », pour Iris Radisch, de l’hebdomadaire Die Zeit. « Un trait de génie et la dernière des merdes, un chef-d’uvre d’un goût parfait et une coulée de boue », pour le journaliste Klaus Harpprecht, ancien rédacteur des discours de Willy Brandt.
Le moins que l’on puisse dire est que la traduction des Bienveillantes, le roman de Jonathan Littell (Prix Goncourt en 2006), qui vient de sortir dans les librairies allemandes, suscite la polémique. Car aborder la période du IIIe Reich à travers les yeux d’un nazi raffiné, esthète et homosexuel n’a rien d’anodin dans un pays toujours marqué par le terrible « héritage de la honte ». Et encore sous le choc des révélations du Prix Nobel Günter Grass, en 2003, concernant son enrôlement passé dans la Waffen-SS.
Le sujet est si sensible que Frank Schirrmacher, éditorialiste au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), a ouvert un site Internet qui lui est entièrement consacré. Pour ses détracteurs, les Wohlgesinnten est un roman malsain, et sa « poésie de l’horreur » scandaleuse. Pour ses défenseurs, il offre une vision inédite de l’Histoire, même si, selon Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, « les bourreaux ne parlent jamais ». Des lecteurs du FAZ soulignent en effet que jamais un tel livre n’aurait pu être écrit par un auteur allemand comme Martin Walser, Walter Jens ou Günter Grass sans provoquer l’accusation de banaliser l’Holocauste.
À cette secousse sismique qui ébranle le monde littéraire s’ajoutent des révélations sur la probable découverte du « trésor de guerre des nazis », dans la région de Deutschneudorf, à la frontière tchèque. Les Allemands, qui ne souhaitent rien tant que de s’amender des crimes de la Seconde Guerre mondiale, ne cessent décidément d’être rattrapés par leur passé.

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