Des milliards de pétrodollars

Saoudiens, Koweïtiens et Émiratis sont devenus en quelques années les principaux partenaires économiques du pays. Revue de détail des projets en cours.

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 3 minutes.

Le rapprochement des relations entre le Sénégal et les pays du Golfe se manifeste depuis plusieurs années en espèces sonnantes et trébuchantes faisant des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite ou encore du Koweït les principaux investisseurs étrangers au Sénégal. Phénomène que la préparation du 11e sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) n’a fait que confirmer. Ces nouveaux partenaires ont des intérêts dans tous les domaines : infrastructures, immobilier, tourisme, banque, transport
L’épisode le plus emblématique de l’arrivée des pétrodollars dans le pays de la Teranga reste, sans conteste, l’appel d’offres international remporté, en octobre 2007, par Dubai Ports World (DPW) pour la gestion du parc à conteneurs du port autonome de Dakar. De fait, le groupe émirati, troisième opérateur mondial de gestion de terminaux, a réussi à décrocher ce marché au nez et à la barbe du français Bolloré, historiquement présent au Sénégal, en faisant une offre de 68 millions de dollars. Mais pas seulement. DPW a également promis d’investir, ces vingt prochaines années, plus de 113 millions de dollars, qui devraient permettre de traiter 550 000 tonnes de fret d’ici à 2010, contre seulement 250 000 actuellement. Est également prévue la construction, pour 445 millions de dollars, du nouveau Port du futur, non loin de l’actuel port autonome, qui pourra réceptionner 1,5 million de conteneurs d’ici à 2011. La Jebel Ali Free Zone Authority (Jafza), filiale de Dubai Holding auquel appartient également DPW, s’est aussi engagée à financer à Diass, à une quarantaine de kilomètres de Dakar, la réalisation d’une zone franche de 10 000 hectares. Cet investissement estimé à 800 millions de dollars est censé créer près de 100 000 emplois indirects sur vingt ans.
Outre la présence du groupe Ben Laden dans les infrastructures, d’autres chantiers comme celui du musée des Civilisations noires à Dakar ou celui de l’université de Diourbel sont, eux aussi, réalisés sur capitaux arabes. En septembre 2007, l’Émirati Al Qudra a signé un accord portant sur un investissement de 779 millions de dollars dans le domaine des infrastructures. Le groupe prévoit notamment la construction d’une cimenterie et d’un domaine touristique dans la région de Tambacounda. Le Fonds Abu Dhabi, quant à lui, a financé le complexe qui abritera le sommet de l’OCI. La compagnie aérienne Emirates envisage, pour sa part, d’accroître le nombre de ses vols en direction de Dakar.
D’autres pays ne sont pas en reste. Depuis la signature, en 1975, d’un traité d’amitié entre le président Léopold Sédar Senghor et le shah Mohamed Reza Pahlavi, l’Iran n’a cessé de renforcer sa présence au Sénégal, où il est impliqué dans l’exploitation des phosphates, les transports (réhabilitation des chemins de fer), l’industrie et l’énergie. L’an dernier, la National Iranian Oil Refining and Distribution Company (Niord) a acquis 34 % du capital de la Société africaine de raffinage (SAR), principal fournisseur de la compagnie nationale d’électricité (Sénélec). Une opération qui permettra à la compagnie de renforcer ses capacités de stockage (de 1,2 million à 3 millions de tonnes).
La République islamique est également active dans l’industrie. L’entreprise Seniran Auto, dont le capital est réparti entre l’État sénégalais, des privés et le groupe Iran Khodro Industrial, a commencé, en 2006, à Thiès, la construction d’une usine de montage des véhicules de la marque Samand (automobiles, poids lourds et bus). Pour le sommet de l’OCI, le chef de l’État iranien a d’ailleurs offert cent limousines estampillées Samand à son homologue Abdoulaye Wade.
Autre épine dorsale des investissements étrangers au Sénégal, le Maroc, qui totalisait un stock d’investissements de plus de 6 milliards de dollars au cours des trois dernières années. Le royaume chérifien est présent dans l’agroalimentaire, l’industrie et le secteur bancaire. Après le rachat de la Banque sénégalo-tunisienne (BST), le premier groupe bancaire marocain, Attijariwafa Bank, s’est emparé, en novembre dernier, de 79,15 % du capital de la Compagnie bancaire pour l’Afrique occidentale (CBAO), première banque du Sénégal, propriété du groupe franco-sénégalais Mimran, qui possède notamment les Grands Moulins de Dakar (GMD).

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires