Un peu de chocolat, Excellence ?

Andrée Dore-Audibert, femme d’ambassadeur, regarde évoluer son petit monde. Avec un peu de tendresse et un brin d’ironie.

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Après avoir longtemps travaillé en Afrique, Andrée Dore-Audibert a suivi son mari ambassadeur en Autriche, en Belgique et en Algérie. Elle soulève ici un coin du voile sur ce petit monde secret qu’est la Carrière. Elle le fait sans méchanceté, avec le sourire, mais sans complaisance.
Pour autant, on aurait tort de ne voir dans ces Propos qu’une suite d’anecdotes divertissantes. La réflexion n’est jamais loin. Comme le dit l’auteur en préface : si certains considèrent comme excessives ses critiques, elles ne sont que l’expression de la « lancinante déception devant le comportement de ceux qui, à l’étranger, devraient toujours représenter la France avec dignité et générosité ».
Quelques portraits, pour vous mettre l’eau à la bouche. Il y a Tahar, par exemple, le maître d’hôtel à Alger, qui assure le ravitaillement même en pleine guerre du Golfe. Comment s’y prend-il ? Oh, c’est simple : il s’approvisionne au nom de Riyad. Vous le saviez, vous, que la France est saoudite quand ça l’arrange ?
Parfois, madame l’ambassadrice partage avec nous ses secrets. Vous devez organiser un repas où l’atmosphère risque d’être tendue. Que faire ? « Ma recette, que je ne réserve qu’aux repas d’hommes : la mousse au chocolat noir, servie dans une soupière en argent massif. L’effet est immédiat. Tout le monde sourit. Dans l’inconscient de chacun apparaît la mousse au chocolat de grand-maman… »
A contrario, Andrée Dore-Audibert est horrifiée par les erreurs de goût. À propos d’un cadeau offert à un ministre, l’étourderie est patente : « Offrir un plateau de fromages à des Algériens qui n’en mangent pas, il fallait y penser ! » Il y a aussi des faux-pas qui confinent à l’attentat aux moeurs. On aimerait savoir qui est ce philosophe, homme de lettres médiatisé, qui « accueille la femme de chambre venue lui apporter son petit déjeuner en tenue d’Adam ». Des noms ! Des noms !
Le ton est moins guilleret quand l’auteur explique qu’il est essentiel, à Vienne, de savoir parler pour ne rien dire. Surtout ne pas rappeler à un peuple amnésique qu’ils furent 99 % à approuver l’Anschluss… On revient à l’humour dans la dernière partie, une galerie de portraits de l’ambassadeur qui ne sait pas s’habiller tout seul à celui qui offre un concert… sur chaîne stéréo. Un livre agréable à lire. Que demander de plus ?

Propos irrévérencieux d’une épouse d’ambassadeur, Andrée Dore-Audibert, Karthala, 228 pp., 20 euros.

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