Un colosse aux pieds d’argile

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Le Mouvement des non-alignés existe depuis plus de quarante ans, mais ne dispose même pas d’un site Internet ! Dénicher un minimum de données économiques et sociales le concernant relève de la gageure. En tout cas, n’espérez pas en trouver auprès du pays organisateur du XIIIe Sommet, des Nations unies ou des institutions financières internationales. Quant aux encyclopédies, elles ne consacrent au MNA guère plus d’une dizaine de lignes…
Organisatrice du précédent sommet, l’Afrique du Sud a certes créé un site Internet (www.nam.gov.za), mais on n’y trouve pas grand-chose : l’organigramme du Mouvement, quelques informations historiques, le texte de certaines résolutions… Faute de données d’ensemble, il nous a fallu extraire, pays par pays, les données chiffrées concernant les 116 membres d’une base spéciale de la Banque mondiale.
Cette compilation met en évidence le poids économique et social réel d’un mouvement qui regroupe 61 % des pays membres des Nations unies et s’étend sur les cinq continents. Tous les pays africains, à l’exception de la République arabe sahraouie démocratique (membre de la seule OUA), et tous les pays du Moyen-Orient, à l’exception d’Israël, en sont membres, de même que la plupart des pays asiatiques, latino-américains et caribéens. Parmi les grands absents, citons la Turquie, le Mexique, le Brésil, l’Argentine et la Corée du Sud.
La superficie des pays « non alignés » représente 42 % de celle de la planète (54 millions de km2) et regroupent 51 % de sa population (3,1 milliards d’habitants en 2000). Mais, leur importance économique est loin d’être à la hauteur : ils produisent à peine 9 % de la richesse mondiale, attirent 4 % des investissements étrangers et fournissent 14 % des exportations de biens et de services. Dans le passé, ils ont raté à peu près tout ce qu’ils ont entrepris, qu’il s’agisse de la revitalisation de leurs économies, de l’accroissement des échanges Sud-Sud ou du développement de leur coopération, notamment en ce qui concerne la production alimentaire. Ils ne sont même pas parvenus à adopter une position commune sur le lancinant problème de la dette extérieure, qui atteignait 1 100 milliards de dollars à la fin de l’an 2000 (46 % de celle des pays en développement).
Certes, le Mouvement a constitué d’innombrables « groupes de travail », « task-forces » et autres « panels d’économistes » pour s’occuper de ces questions, mais il n’en est guère sorti que des résolutions jamais appliquées. La vérité est que les membres de cet ensemble disparate n’ont à peu près rien en commun. À elle seule, l’Inde pèse, en termes de Produit intérieur brut, autant que le continent africain dans son ensemble (500 milliards en 2000). La Malaisie exporte cinq fois plus que l’Algérie et un Singapourien gagne, en moyenne, trois cents fois plus qu’un Éthiopien.

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