Le gouvernement du pire

Coalition hétéroclite, le nouveau cabinet de Sharon n’a que peu de chances d’aller au terme de son mandat.

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Présenté le 27 février à la Knesset, le nouveau gouvernement d’Ariel Sharon, fruit de trahisons et de combinaisons en chaîne, est un monstre contradictoire qui dispose d’une majorité (68 sièges sur 120), mais que nul ne se hasarde à juger très durable.
Contradiction centrale : il réunit autour du Likoud deux formations de la droite la plus extrême, le Parti national religieux (PNR), champion de la colonisation, renforcé par l’Union nationale (partisan du « transfert » des Palestiniens), et, classé à gauche, l’ultralaïc Shinoui de Yossef « Tommy » Lapid, un des vainqueurs des dernières élections.
Trahisons et combinaisons au Likoud : Ehoud Olmert, à qui avait été promis le ministère des Finances et qui avait, pour cela, quitté la mairie de Jérusalem, s’est vu préférer Benyamin Netanyahou, qui voulait rester aux Affaires étrangères. Lesquelles ont été attribuées à l’ex-ministre des Finances Silvan Shalom, pratiquement « inconnu » de tout l’état-major du ministère. D’où trois mécontents qui attendent de faire payer leur déception à Sharon.
Le Shinoui, lui, peut apparemment se féliciter d’obtenir cinq importants ministères : la Justice pour Lapid, l’Intérieur pour Avraham Poraz, l’Environnement pour Yehudith Naot, les Infrastructures pour Yosef Paritzky et la Science pour Eliezer Sandberg. Il argue, d’autre part, qu’en entrant au gouvernement il en a fait exclure les ultraorthodoxes, tant séfarades (Shas) qu’ashkénazes (Torah unifiée), dont les chantages permanents pesaient sur la société civile.
Reste qu’il devient quelque peu l’otage d’une droite à qui vont évidemment les faveurs de Sharon et qui a réitéré son opposition à tout État palestinien, tout en se refusant à freiner le développement des colonies, au nom de leur « croissance naturelle ». Soit une situation comparable à celle du Parti travailliste, qui tenta de justifier sa collaboration avec Sharon dans des cabinets dits d’« union nationale » en se flattant de les rééquilibrer au centre-gauche. On sait le résultat : la plus grande défaite électorale subie par le Labour au cours de son histoire. Après sa brusque flambée de popularité, le Shinoui risque de s’engager aujourd’hui dans la même aventure suicidaire. Après tout, ses électeurs n’ont pas déserté le Labour, par exemple, pour se retrouver associés, sous prétexte de laïcité, aux ultras du racisme et de la xénophobie.
D’où le scepticisme avec lequel ce gouvernement semble accueilli par l’opinion publique. Selon une étude conduite par le professeur Camil Fuchs, de l’Université de Tel-Aviv, auprès d’un échantillon représentatif de 523 adultes, 14,7 % des sondés pensent que cette nouvelle coalition sera capable de répondre à la crise économique tandis que 46,8 % jugent qu’elle échouera. Et 19,1 % seulement estiment qu’elle ira au terme de son mandat. Mais quels dégâts aura-t-elle eu le temps de faire ?

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