Le dilemme d’Ould Taya

La guerre américaine en Irak, pomme de discorde entre le gouvernement et les partis de l’opposition.

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

La question irakienne continue d’agiter l’opinion publique mauritanienne et d’exacerber la tension entre le pouvoir et l’opposition. Le gouvernement de Nouakchott et les médias officiels se sont bien gardés, jusqu’ici, de prendre clairement position sur cette question. Pour l’opposition, cette indécision, qui n’en est pas une, trahit un appui tacite à Washington.
Le gouvernement mauritanien a rompu ses relations diplomatiques avec l’Irak en novembre 1999 – Bagdad avait alors critiqué l’établissement de relations diplomatiques entre Nouakchott et Tel-Aviv. Il a donc, aujourd’hui, un bon prétexte pour ne pas se montrer solidaire avec un « pays frère ». Mais il ne peut soutenir ouvertement la guerre américaine sans susciter la colère de ses administrés, qui y sont en majorité opposés et ne font pas mystère de leurs sentiments antiaméricains.
Cette position de neutralité, qui traduit la gêne actuelle du gouvernement mauritanien, a cependant le mérite de ne pas enfermer ce dernier dans une attitude ferme dont il pourrait, un jour, subir les répercussions négatives. Le président Maaouiya Ould Taya se réserve ainsi la possibilité, à tout moment, de se mettre dans le sens de la marche.
Seul ennui : cet attentisme calculé donne du grain à moudre aux partis de l’opposition qui ne ratent aucune occasion pour vilipender le silence du gouvernement. Ainsi, le 17 février, huit partis de l’opposition ont organisé à Nouakchott un grand rassemblement de soutien à l’Irak. Leurs leaders ont lancé des slogans hostiles aux États-Unis, à la Grande-Bretagne, à l’Espagne et à Israël. Ahmed Ould Daddah, chef de l’opposition, a accusé le gouvernement de son pays de faire fi des sentiments de son peuple. « La guerre contre l’Irak s’inscrit dans un plan qui vise à occuper le monde arabe, à y installer des gouvernements soumis à l’administration américaine et à mettre définitivement la main sur ses richesses pétrolières », a-t-il notamment déclaré.
Les milliers de manifestants, en majorité des jeunes, qui ont défilé ensuite dans les rues de la capitale, ont été empêchés par les forces de l’ordre de s’approcher des bâtiments de l’ambassade américaine. Certains brandissaient des portraits d’Oussama Ben Laden et scandaient des appels au djihad. Le 20 février, des représentants des huit partis de l’opposition se sont rendus en Irak pour marquer leur solidarité.

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