L’Afrique constante dans son instabilité

Certains pays promus, d’autres rétrogradés. Selon la Coface, le continent reste, dans l’ensemble, une zone incertaine pour les investisseurs.

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

Pour la septième année consécutive, la Coface, groupe français d’assurances et de services aux entreprises, vient de dresser son panorama mondial des risques et des opportunités pour les investisseurs en distribuant ses bons et ses mauvais points à 141 pays. Comme lors des évaluations précédentes, l’Afrique reste à la traîne, aucun de ses pays n’ayant vu sa note évoluer sur le « moyen terme », alors que sur le « court terme », seul le Mozambique a fait l’objet d’un reclassement en catégorie C depuis le début de l’année 2002. À l’inverse, six pays d’Afrique subsaharienne (sur les trente-huit analysés) ont fait l’objet d’un déclassement. Le Gabon et l’Ouganda sont rétrogradés de la catégorie B à la catégorie C, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique et la Zambie passant de C à D, et Madagascar réalisant le grand écart entre les catégories B et D. Les pays d’Afrique du Nord n’ont, de leur côté, enregistré aucune modification de leurs notations respectives, la Tunisie étant néanmoins placée sous surveillance négative pour diverses raisons conjoncturelles (sécheresse et baisse du tourisme).
Dans un contexte mondial soumis aux aléas géopolitiques, la situation économique et financière de l’Afrique continue à se caractériser, aux yeux des experts de la Coface, par une grande fragilité accentuée par le manque de diversification sectorielle du continent. « De nombreux pays ont été frappés par une baisse des cours de certaines matières premières comme le café ou le coton, tandis que le surplus de ressources générés par la bonne tenue des prix du pétrole n’a pas pu se diffuser à l’ensemble des économies concernées. » Pour sa part, l’Afrique du Nord a dû faire face, en 2002, à un environnement économique très incertain, partiellement compensé par la hausse des cours pétroliers.
Le secteur des hydrocarbures demeure d’ailleurs l’une des rares notes d’espoir mise en avant par l’assureur pour l’Afrique du Nord, mais aussi pour l’Afrique subsaharienne, susceptible de devenir à terme un nouveau pôle pétrolier, grâce notamment aux découvertes de gisements en Guinée équatoriale ou à la mise en service, pour 2004, de l’oléoduc Tchad-Cameroun. L’Union africaine ou le Nepad (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique) sont également perçus comme des projets encourageants pour l’avenir économique du continent.
En attendant, les notations attribuées aux pays africains témoignent d’un niveau de risque relativement élevé. La meilleure note revient cette année encore au Botswana, classé en catégorie A2 et récompensé par la Coface pour « sa stabilité politique, la diversification de son économie et son faible niveau d’endettement ». Les autres pays bien notés du continent sont Maurice et la Namibie (A3), l’Afrique du Sud, le Maroc et la Tunisie (A4). Tous les autres se répartissent entre les catégories B, C et D (voir ci-contre).
Le risque africain ne présente pourtant pas le taux le plus élevé d’impayés pour 2002 puisque le continent se place derrière l’Amérique. Alors qu’au niveau mondial le redémarrage de l’activité économique était constaté au premier semestre, un certain scepticisme semble avoir ensuite gagné les investisseurs qui ont adopté, depuis l’été dernier, une position attentiste. L’éventualité du conflit irakien ne permet pas d’espérer une évolution de cette attitude à court terme.
L’Amérique latine a été la zone la plus touchée par cette situation et a enregistré une forte décrue de ses flux d’investissements. Plus au Nord, le retour tant attendu des investisseurs ne s’est pas produit aux États-Unis (catégorie A2), où la croissance a été très largement portée par la seule consommation des ménages.
À l’autre bout de l’échelle des risques, l’Asie qui, en dépit de problèmes d’insécurité constatés dans certains pays de la zone, garde la confiance des investisseurs attirés par la vigueur des économies chinoise (A3) et sud-coréenne (A2). L’Europe occidentale se place juste derrière, malgré une croissance au ralenti dans les pays de la zone euro. Quant aux pays d’Europe centrale et orientale, ils ont été globalement épargnés par la défiance des principaux marchés financiers.
Pour la Coface, 2003 devrait être une année de transition. Néanmoins, ses experts attendent un retournement de la conjoncture actuelle. Entre le redressement de la rentabilité des entreprises, des taux d’intérêt à leur plus bas niveau dans les pays industrialisés et les perspectives d’élargissement de l’Union européenne et de l’Organisation mondiale du commerce, les opportunités de développement ne devraient pas manquer pour les investisseurs. À condition, bien sûr, que ces derniers retrouvent la confiance qui leur fait aujourd’hui défaut.

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