Hissein Habré débouté

La cour d’appel de Paris a rejeté la plainte de l’ex-président tchadien contre J.A.I. auquel il reprochait la publication d’une interview.

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Dans son arrêt du 20 février, la cour d’appel de Paris a finalement débouté l’ex-président tchadien Hissein Habré. Ce dernier avait assigné le groupe Jeune Afrique en justice à la suite de la publication, dans notre édition du 15 février 2000 (n° 2040), d’une interview réalisée par le journaliste Moriba Magassouba, collaborateur de J.A.I. à cette époque. Celle-ci avait été recueillie à Dakar, où l’ancien chef d’État a trouvé refuge après avoir été chassé du pouvoir par Idriss Déby en décembre 1990. La décision de la cour d’appel confirme celle prise le 17 septembre 2001 par le tribunal de grande instance de Paris, qui avait déjà refusé de donner suite à la demande de dommages et intérêts formulée par le plaignant.
Inculpé au Sénégal de complicité de crimes de tortures le 3 février 2000, Hissein Habré affirmait qu’il n’avait pas autorisé la publication de cet entretien, et réclamait plus de 6,76 millions d’euros à titre de dommages et intérêts. Si le plaignant ne contestait pas avoir rencontré Moriba Magassouba le 6 février, il soutenait qu’il s’agissait d’une conversation à titre privé qui n’avait pas vocation à être publiée. Il assimilait en outre la démarche de notre collaborateur à une tentative de mettre à mal ses relations avec les autorités sénégalaises.
Mais le tribunal n’a pas jugé l’argumentation du président Habré recevable. Celui-ci n’a pu apporter « aucune preuve de ce que la publication de l’article litigieux a eu des répercussions néfastes dans le cadre de ses relations avec l’État du Sénégal, étant observé que les poursuites dont il a fait l’objet sont antérieures à la parution de l’interview et se rapportent à l’époque où il était président de la République du Tchad », ont estimé les magistrats. « Et plus généralement, il n’a pu apporter aucune preuve de ce que Jeune Afrique, en procédant à la présentation de l’entretien sous forme d’interview, était animé d’une intention malicieuse. »
Trois ans après la sortie de notre enquête intitulée « Un dictateur face à la justice », le contentieux porté devant les juridictions françaises a trouvé ainsi son dénouement. Et trois ans après l’inculpation d’Hissein Habré, les victimes de l’ancien président espèrent qu’il sera extradé cette année vers la Belgique pour y être jugé.

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