Gbagboland : un espace sécurisé ?

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

L’horizon politique de la Côte d’Ivoire va-t-il s’éclaircir au cours des prochaines semaines ? La question taraude les milieux d’affaires ivoiriens qui s’interrogent toujours sur la capacité de leur classe politique à mettre fin à une tragédie qui, si l’on s’enferme dans le statu quo actuel, risque de déboucher sur un remake du calvaire rwandais.
Une autre question, beaucoup plus embarrassante, fait aussi son chemin. Elle est née du discours tant attendu du président Laurent Gbagbo qui, le 7 février, parlait « d’un outil de production économique sécurisé à 90 % ». Loin des propos fédérateurs que nombre d’observateurs espéraient afin de sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière, il donnait ainsi corps au concept de « Gbagboland », qui, depuis, fait florès dans les médias. Tout en trahissant une démarche qui, à bien des égards, risque de se révéler périlleuse. Traduit en termes simples, les propos du chef de l’État ivoirien ont jeté la consternation dans les milieux d’affaires. Car ils accréditent l’idée que le conflit peut s’installer dans la durée, la source principale de richesse étant préservée. Car, et c’est plus grave, ils confirment que le retour à la paix n’est pas franchement la première des priorités.

Recettes fiscales en chute libre
Outre la métropole économique, Abidjan, son port, ainsi que celui de San Pedro, et Yamoussoukro, la capitale, le « Gbagboland » intègre la quasi-totalité des zones de production de cacao. Autant dire qu’il inclut l’essentiel des richesses du pays. « Le président dit vrai quand il parle des activités sécurisées, reconnaît un cadre de la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI). Mais, pour autant, dans ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler le Gbagboland, la crise fait des ravages. Les recettes douanières et fiscales de l’État sont en chute libre, et l’on commence à se demander si les salaires pourront continuer à être payés. Les services sont en crise et les faillites se multiplient. Nous sommes aujourd’hui sur un rythme de récession compris entre – 4 % et – 10 %.

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Délocalisations vers Accra, Lomé ou Dakar
Dans cet espace « sécurisé », d’autres indicateurs ont viré au rouge. Indication qui ne souffre aucune contestation, la consommation électrique des entreprises qui s’y trouvent a chuté de 15 %. Les transferts de fonds à l’étranger, effectués par les grandes banques de la place ont, en cinq mois, dépassé les 120 milliards de F CFA. De grandes entreprises ont délocalisé leurs activités vers Accra, Lomé ou Dakar. Et l’on sait d’ores et déjà que certaines ne reviendront pas. Les groupes français – ils représentent plus de 3 milliards de dollars d’investissements cumulés et des dizaines de milliers d’emplois -, qui ont été pris à partie fin janvier, réduisent nettement la voilure. Or ces mêmes groupes jouent un rôle moteur dans l’économie ivoirienne.

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