Gardiens de Paix

C’est un Comité international de suivi qui est chargé de veiller au respect du compromis signé à Linas-Marcoussis par les acteurs de la crise ivoirienne.

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

C’est une équipe d’une dizaine de personnes, originaires d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. On y trouve des diplomates, qui représentent l’Organisation des Nations unies, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union européenne, le G8, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), un fonctionnaire de la Banque mondiale, deux chefs militaires, etc. Ensemble, ils constituent « le Comité international de suivi » de l’application de l’accord de Marcoussis sur la Côte d’Ivoire.
Leur mission ? Veiller au respect des dispositions du compromis signé par les protagonistes de la crise ivoirienne, le 24 janvier dernier à Marcoussis, une ville de la banlieue parisienne. Mais aussi, saisir toutes autorités nationales, régionales et internationales des cas d’obstruction et de défaillance, faire un rapport au Conseil de sécurité des Nations unies, conformément à l’article 5 de la résolution 1464 sur la Côte d’Ivoire.
Le Comité, qui siège à Abidjan, est présidé par le Béninois Albert Tévoédjrè, 74 ans, esprit vif et brillant, militant panafricaniste, ancien haut fonctionnaire international, plusieurs fois ministre, nommé par Kofi Annan, le 7 février dernier, envoyé spécial pour la Côte d’Ivoire. On y trouve aussi de vieux briscards du paysage politique et diplomatique africain. Ainsi de l’envoyé spécial de l’Union africaine en Côte d’Ivoire, le Nigérien André Salifou, 61 ans, ancien président de la Conférence nationale et du Haut Conseil de la République, ex-ministre et auteur de plusieurs ouvrages, dont le plus récent, Le Niger, a été publié en octobre 2002 aux éditions L’Harmattan, à Paris. Du Guinéen Lansana Kouyaté, 53 ans, ancien secrétaire exécutif de la Cedeao, aujourd’hui envoyé spécial de l’OIF pour la Côte d’Ivoire, et du Nigérian Ralph Uwechue, chargé d’affaires de l’éphémère « République » du Biafra à Paris, vers la fin des années soixante, actuellement représentant spécial du secrétaire exécutif de la Cedeao pour la Côte d’Ivoire.
Parmi les « bailleurs de fonds » figure, bien entendu, l’ancienne puissance coloniale, la France, hôte de la réunion de Marcoussis (15-24 janvier 2003) et, dans la foulée, de la conférence des chefs d’État sur la Côte d’Ivoire (25-26 janvier) de l’avenue Kléber, à Paris. Elle est représentée dans le Comité international de suivi par son ambassadeur à Abidjan, Gildas Le Lidec. On y retrouve également l’Union européenne, qui a promis une enveloppe de 400 millions d’euros (étalés sur cinq ans), en la personne de l’ambassadeur d’Italie en Côte d’Ivoire, Paolo Sannela, parce que la Grèce, qui assure jusqu’au mois de juin la présidence tournante de l’Organisation, n’a pas d’ambassadeur à Abidjan. Il y a aussi l’ambassadeur des États-Unis, Arlène Render, qui s’y exprime au nom du G8, le groupe des pays les plus industrialisés. La Banque mondiale est, pour sa part, représentée par son directeur des opérations pour la Côte d’Ivoire, le Sénégalais Mamadou Dia.
Viennent s’ajouter à ces professionnels de la diplomatie deux militaires de haut rang, le général Emmanuel Beth, commandant du « dispositif » militaire français en Côte d’Ivoire, et le général sénégalais Papa Kalilou Fall, commandant de la force de la Cedeao censée progressivement remplacer les troupes françaises déployées entre les soldats loyalistes et les rebelles.
Premier succès du Comité, dont la réunion inaugurale remonte seulement au 12 février dernier : avoir réussi, grâce à la négociation, à obtenir l’annulation d’une semaine de sit-in des partisans du président Laurent Gbagbo devant le 43e Bataillon d’infanterie de marine (Bima), la base française, qui se trouve à Port-Bouët, près d’Abidjan. Le Comité peut-il être assimilé à un gouvernement-bis et son président à un proconsul ? « Je préside un Comité et non pas une République, se défend Albert Tévoédjrè. Il y a des autorités dans ce pays. Il faut les respecter et rechercher leur concours. À mon âge, je n’ai pas d’autre ambition que de travailler au retour de la paix en Côte d’Ivoire. »
En attendant de disposer de ses propres bureaux et de sa propre logistique, notamment d’un petit- porteur affrété par l’ONU pour permettre à ses membres d’aller d’un point à un autre du territoire ivoirien, le Comité travaille dans une annexe du bâtiment de la Banque mondiale, à Abidjan. Et son président loge à l’hôtel.

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