En attendant la guerre
Les autorités marocaines prennent très au sérieux les conséquences d’une éventuelle guerre en Irak sur l’équilibre politique et sécuritaire du royaume. Le conflit étant, ici comme ailleurs, jugé quasi inévitable, des mesures de précaution spécifiques ont été prises dans les principales villes du pays, sous la houlette de Mustapha Sahel, le ministre de l’Intérieur. La plus grande inquiétude est que les islamistes tirent profit de la situation pour mobiliser leurs partisans en vue des élections municipales du mois de juin prochain, au cours desquelles ils espèrent conquérir d’importantes mairies à Casablanca, Tanger, Tétouan et même Rabat. D’ores et déjà, les plus radicaux et les mieux implantés d’entre eux, ceux du Mouvement justice et bienfaisance (du cheikh Yassine), ont fourni le gros des quelque quarante mille manifestants qui, le 23 février à Rabat, ont défilé contre la guerre. Au passage, ils ont fustigé l’attitude de leurs « frères » turcs du Parti de la justice et du développement (AKP), jugés coupables de compromission avec le Satan américain.
Ce climat général devrait faciliter l’adoption par le Parlement de la loi antiterroriste présentée par le gouvernement. Ladite loi est jugée liberticide par les islamistes, par certaines organisations de défense des droits de l’homme et par une fraction du parti de l’Istiqlal, mais elle ne fait qu’aligner le Maroc sur les dispositions en vigueur dans certains pays européens (Espagne, Italie), tout en restant très en deçà de ce qui se pratique en Égypte et aux États-Unis.
Enfin, selon de bonnes sources, et bien que le pays soit considéré comme l’un des plus sûrs de la région, l’ambassade de France à Rabat a donné à la communauté française des consignes précises de sécurité et de regroupement. « Au cas où la situation déraperait, qui, dans la rue, fera la différence entre un Français et un Américain ? » explique un diplomate. Le Maroc n’est évidemment pas le seul à faire l’objet de telles mesures : partout dans le monde arabe, les chancelleries occidentales sont en alerte rouge.
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