Droits de l’homme : le rapport qui accuse le MPCI

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Alors que le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) s’évertue, depuis des mois, via la presse internationale, à donner de lui-même l’image d’un mouvement, certes rebelle, mais respectueux des droits de l’homme, voilà qu’un rapport d’Amnesty International, publié le 27 février, fait état d’exactions commises par ses hommes. Intitulé « Côte d’Ivoire : une série de crimes impunis », ce document de 33 pages est le résultat d’une investigation menée à Bouaké, en décembre 2002, par une équipe d’enquêteurs composée des deux responsables parisiens d’Amnesty, Gaétan Mootoo et Salvator Saguès, d’un collaborateur gabonais résidant à Londres et du directeur de la section malienne. Ce dernier parle dioula, la langue vernaculaire la plus répandue dans le nord de la Côte d’Ivoire. L’information essentielle contenue dans ce texte concerne le sort tragique d’une soixantaine de gendarmes et d’une cinquantaine de leurs enfants, arrêtés dans leur caserne le 6 octobre 2002 par des hommes du MPCI. Conduits au camp militaire du 3e bataillon d’infanterie de Bouaké, ils ont été enfermés dans une prison d’une quarantaine de mètres carrés, dans laquelle se trouvaient déjà, dans une cellule à part, des hommes des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci). Le soir même et à trois reprises, des éléments armés du MPCI sont entrés dans le bâtiment et ont mitraillé les gendarmes et leurs fils. La liste – non exhaustive des victimes donnée par Amnesty fait état de soixante noms. Deux jours plus tard, une dizaine de survivants ont été priés de transporter les cadavres hors du camp et de les enterrer dans des fosses communes situées près du quartier populaire de Dar es-Salaam. Le lendemain, 9 octobre, d’autres morts ont été transportés au charnier, mais, cette fois, leurs fossoyeurs n’ont pas reparu à la prison. Selon les rescapés, ils ont vraisemblablement été abattus sur les lieux mêmes où ils venaient d’enterrer leurs camarades. Les autres gendarmes ont eu la vie sauve grâce à l’intervention d’un responsable du MPCI. Par la suite, les vingt-six enfants survivants et un adulte ont été libérés. Lorsque les enquêteurs sont arrivés à Bouaké, en décembre, ils ont pu s’entretenir avec les dix gendarmes encore détenus. Pourquoi le rapport n’est-il publié que deux mois après l’enquête ? Après leur retour dans leurs pays respectifs, les membres d’Amnesty ont appris que les prisonniers avaient été libérés, un à un, contre une « rançon » allant de 750 000 à 1 million de F CFA. Ils ont donc choisi d’attendre que tous les otages soient en sécurité, et se défendent, par ailleurs, de respecter un quelconque agenda politique. Dans l’intervalle, ils ont rencontré et évoqué l’affaire avec les principaux responsables du MPCI, notamment à Paris lors de la table-ronde de Marcoussis.

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