Adieu Assou

Notre ancien collaborateur Assou Massou s’est éteint, le 14 février, à l’âge de 44 ans. Ils ont tenu à saluer sa mémoire…

Publié le 4 mars 2003 Lecture : 7 minutes.

Un journaliste exemplaire

J’ai appris, en feuilletant la dernière édition de Jeune Afrique/l’intelligent, la mort d’Assou Massou. Une nouvelle qui me laisse triste et désemparé. J’ai bien connu Assou. J’ai pu apprécier ses qualités professionnelles et humaines à Jeune Afrique Économie. J’ai gardé contact avec lui après son retour à J.A.I. Je me souviens des moments que nous avons passés ensemble dans les locaux du journal, à l’occasion du tournage d’une émission télévisée pour TV5 sur J.A.I. Depuis que je travaille à la BBC (Londres), nous nous sommes souvent parlé au téléphone. Je voudrais en cette triste occasion m’associer à tous ceux qui l’ont connu, qui ont travaillé avec lui, qui ont partagé ses passions, ses angoisses, ses interrogations, ses joies et ses peines, ceux qui, comme vous, ont su mesurer et donner toute sa valeur à son professionalisme, pour lui rendre hommage et célébrer sa mémoire. J’ai connu dans ma carrière professionnelle peu de journalistes économiques africains aussi précis, méticuleux, sérieux et pour tout dire aussi complets et compétents qu’Assou. Sa modestie, sa réserve, une certaine timidité rendaient sans doute plus discrète la qualité de son travail. Peut-être aussi parce que l’information économique est moins prisée, valorisée, que l’actualité politique, Assou Massou n’était pas une star médiatique. Mais il reste pour moi un exemple dans une profession où il est si aisé de vendre son âme pour la gloire, ou pour un plat de lentilles.
MICHEL LOBE EWANE, Grande-Bretagne

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Dévouement et intégrité
C’est avec tristesse que nous venons d’apprendre la disparition de votre ex-collaborateur Assou Massou. Un journaliste dévoué et intègre au service de votre publication, qui lui a permis de côtoyer les nombreux dirigeants d’Europe et d’Afrique, où il se rendait souvent pour des reportages. Sa disparition constitue, pour tout Africain, une grande perte. C’est un des porte-parole de notre continent qui nous a quittés… trop tôt. Nous le voyions encore, il y a peu, parler de notre pays, l’Angola. Nous ne pouvons pas oublier nos premiers contacts à l’ambassade à Paris, pour parler de la guerre, de la démocratie. Les portes de notre chancellerie et notre ligne téléphonique lui avaient été ouvertes pour lui permettre de faire son travail. En ce moment de tristesse et de profonde douleur, le service de presse de l’ambassade et de la Mission permanente de l’Angola à Genève présente ses condoléances les plus émues à sa famille et à tous ses proches.
JOSEPH MPUTO N’DONGALA,
conseiller de presse, Genève

Partir si jeune…
C’est un scandale de partir si jeune ! J’appréciais vraiment Assou Massou et lui en avais fait part, dans les locaux de J.A.I., au milieu de son petit bureau rempli de paperasses. C’était en février 2001. Je suis sincèrement attristé. Assou Massou, merci pour vos textes d’une très grande clarté sur l’actualité économique. Merci pour tout.
MOUSTAPHA SIBY, African Group China, Chine

Son humour, son flegme
J’ai appris avec beaucoup de surprise et de peine la nouvelle du décès de votre collaborateur, Assou Massou. J’ai connu Assou au Caire, lors du premier sommet euro-africain. Son humour, son flegme et son esprit d’à-propos m’avaient tout de suite frappé. Nous nous sommes ensuite rencontrés au hasard de conférences. Je vous présente toutes mes condoléances et vous prie de transmettre toute ma compassion à sa famille, ainsi qu’à tous ses collègues.
ABDOULAYE BIO-TCHANÉ, directeur du département Afrique
du Fonds monétaire international, Washington, États-Unis

Capitaine Diagne,
ce héros
Votre article paru dans J.A.I. n° 2195 et intitulé « Des missions aux quatre coins du monde » a omis un point non négligeable : la présence des militaires sénégalais au Rwanda en 1994, et notamment celle du capitaine Mbaye Diagne. Ce dernier est arrivé avec les troupes de l’OUA en juillet 1993, avant d’intégrer la Minuar en décembre. Face à l’impuissance internationale, le capitaine Diagne a refusé le statut de spectateur des exécutions et assassinats. Armé de sa seule bonne volonté et d’un courage hors du commun, il a sauvé la vie de plusieurs Rwandais. C’est lui qui allait récupérer les personnes pourchassées, souvent jusque dans les coins les plus les éloignés de la capitale. Il négociait au cas par cas et, la plupart du temps, contre argent comptant avec les gradés de l’armée rwandaise. Des dizaines de personnes – parmi lesquelles les enfants du Premier ministre assassiné Agathe Uwilingiyimana – lui doivent ainsi d’avoir pu rejoindre l’hôtel des Mille-Collines, et surtout d’y être resté. En effet, c’est le capitaine Diagne, avec Paul Rusesabagina, responsable de l’hôtel, qui étaient pour s’opposer aux visites nocturnes des militaires qui voulaient récupérer leurs proies. Le capitaine Mbaye Diagne est mort, touché par un obus à un barrage gouvernemental, après avoir accompli son rêve : voir évacuer les personnes recherchées par les milices.
RUZIGANDE JEAN
DAMASCÈNE, Kigali, Rwanda

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Dictateurs : deux poids deux mesures
Sur la base, fallacieuse, de la situation des droits de l’homme dans son pays, le président Mugabe a été mis sous le coup de sanctions diplomatiques et financières. C’est ainsi que les portes de l’Europe lui ont été fermées, jusqu’à son invitation au sommet France-Afrique de Paris (du 19 au 21 janvier). À cette occasion, les Britanniques et une bonne partie de l’Europe ont crié au scandale. On a donc découvert qu’il y avait un dictateur en Afrique. Des émissions de radio et de télévision se sont multipliées, suivant une ligne éditoriale monocorde : aucune explication des circonstances dans lesquelles 80 % des meilleures terres s’étaient retrouvées entre les mains de 1 % à 3 % de la population. A-t-on respecté les droits de l’homme au moment où ces terres ont été confisquées ? Les débats et reportages qui se multiplient, en Europe, sur la situation économique du Zimbabwe ne donnent jamais la parole aux Zimbabwéens. Au mépris du principe de la contradiction, base de toute volonté de justesse. La presse parle des absents sur la foi des idées dominantes, véhiculées par les agences de presse qui répètent la position officielle. Sans aller jusqu’à soutenir que le président Mugabe est un ange, le sort qui lui a été réservé par l’Union européenne, la Banque mondiale et le FMI rappelle, pour le moins, une des fables les plus célèbres de La Fontaine. Robert Mugabe est devenu le méchant qui a « osé brouter l’herbe d’autrui ». Un « crime abominable », alors que, parmi les chefs d’État invités au sommet France-Afrique, beaucoup ont « mangé force moutons » – parfois jusqu’au berger – sans subir les foudres de l’Europe ou des institutions internationales. Si le non-respect des droits de l’homme devait être une raison objective d’interdiction d’entrée en Europe, nombre de chefs d’État africains resteraient dehors…
CLAUDE BAKAMA
Tours, France

L’ombre de l’Amérique : absurde !
Concernant une lettre parue dans le « Vous & Nous » du J.A.I. n° 2197, signée par M. Adramane Ouédraogo : en tant qu’une des organisatrices des manifestations de rue à Abidjan, je peux vous dire que les États-Unis n’ont strictement rien eu à voir dans l’organisation de ces événements. Pour preuve : ils pensaient même, au début, qu’il s’agissait de manifestations antiaméricaines ! Ils furent donc les premiers surpris et, avec eux, le gouvernement ivoirien lui-même. Lors de l’effondrement des tours jumelles à New York, une partie infime des musulmans ont manifesté leur satisfaction. Quant aux Français, nous les aimons beaucoup en tant qu’individus. Nombre d’entre eux marchent à nos côtés dans la rue. Mais nous nous dressons contre le néocolonialisme de certaines entreprises françaises. Quant à Jacques Chirac, nous ne pouvons accepter la manière avec laquelle il a traité Gbagbo. Le président français devrait se souvenir que son homologue ivoirien a été élu démocratiquement. Pour sa part, Chirac est arrivé au pouvoir à la faveur du score de l’extrême droite et ce, grâce aux voix socialistes. Où va-t-on s’il suffit de prendre les armes pour obtenir des postes ministériels ?
Emmanuella Bohui
Abidjan, Côte d’Ivoire

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Pour un superministère
La composition du gouvernement de réconciliation nationale est un casse-tête pour le chef de l’État ivoirien et son Premier ministre. Il y a, d’une part, la résistance de la population, des Fanci et de Gbagbo lui-même, qui, à juste titre, ne veulent pas des rebelles aux ministères de la Défense et de l’Intérieur. Et, d’autre part, la détermination des rebelles qui, forts de leur position sur le terrain, ne veulent pas lâcher ces deux ministères. Pourquoi ne pas créer un superministère « de la Souveraineté nationale » ? Un organe qui regrouperait deux ou trois ministères, dont ceux de la Défense et de l’Intérieur. Il pourrait être confié au chef d’état-major des Fanci. Il sera certes difficile de faire cohabiter les Fanci et les rebelles, mais cette solution comporte des avantages : le respect des engagements convenus lors des négociations de Paris ; l’importance moindre des postes confiés aux rebelles, ceux-ci étant sous l’autorité directe du chef d’état-major ; la réhabilitation de l’honneur des Fanci, bafoué à Marcoussis.
Anicet Djehoury, France

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