Algérie : à la relance, la Sonatrach peut-elle profiter de la crise en Ukraine ?

Les revenus à l’export du géant algérien des hydrocarbures ont crû de 75 %. Une tendance à la hausse qui devrait se confirmer, notamment en raison des conséquences de crise russo-ukrainienne sur les cours du pétrole et du gaz.

Logo de la société algérienne Sonatech sur le toit d’un immeuble, le 9 février 2018. © Anis Belghoul/NYOTK/AP/SIPA.

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Publié le 2 mars 2022 Lecture : 3 minutes.

Avec un chiffre d’affaires qui est passé de 20 à 35 milliards de dollars en l’espace d’un an, l’augmentation des exportations à hauteur de 13 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2021 et la réduction de la facture d’importation des carburants de 1,5 milliard de dollars par rapport à l’exercice précédent, il semblerait que pour la compagnie algérienne des hydrocarbures, 2021 ait été une très bonne année.

Pour Rachid Zerdani, vice-président, responsable de la stratégie, de la planification et de l’économie de la compagnie pétrolière nationale, ces résultats s’expliquent par « la reprise de l’activité économique mondiale en 2021 soutenue par des mesures de relance budgétaire et financière sans précédent ». Cela a « conduit à une augmentation de la demande mondiale en pétrole de plus de 5 millions de barils/jour par rapport à l’année précédente », a-t-il expliqué sur la chaîne III de la Radio algérienne le mois dernier.

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Production soutenue et explorations en cours

La production de la Sonatrach est passée de 176 millions TEP à 185 millions TEP entre 2020 et 2021. Une augmentation considérable qui s’est soldée par des niveaux d’exportations avoisinant les 95 millions de TEP (+18 %), selon le communiqué officiel.

Rachid Zerdani avance que cette hausse de la production a été rendue possible grâce à la stratégie mise en place  ces dernières années. « La compagnie nationale a consenti des investissements de l’ordre de huit milliards de dollars/an, en moyenne, durant les trois à quatre dernières années, dont plus 70 % dans l’exploration/production ». Ainsi, plus 17 milliards de dollars ont été alloués à l’exploration cours des dix dernières années ».

Cap sur l’autosuffisance

Conformément à la volonté du président Abdelmajid Tebboune d’atteindre l’autosuffisance énergétique,  depuis 2020, le pays des fennecs n’a importé « ni essence, ni gasoil », comme l’a souligné Rachid Zerdani, mais uniquement 300 millions de dollars de MTBE (méthyl tert-butyl éther : additif pour améliorer l’indice d’octane d’essence automobile). Un parti pris qui a permis à l’Algérie de réaliser 1,5 milliard de dollars d’économie en importations. D’après des sources officielles, la raffinerie d’Arzew sera chargée de la production de cet additif précieux.

L’agence algérienne de presse (APS) précise également que Sonatrach s’apprête à lancer la production de lignes alcynes-benzène : deux sites de production seront réalisés sur « fonds propres ». D’autres projets tels que la production de propylène avec Total et avec le turc Renaissance sont en cours.

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Selon le vice-président de Sonatrach, l’objectif est de réduire « la vulnérabilité » de l’Algérie face « aux fluctuations des prix en transformant les produits bruts pour capter plus de valeur après les avoir transformés ».

Une augmentation de 70 % du cours du pétrole

Quels que soient les efforts fournis en 2021 par Sonatrach, il est important de souligner que le prix du baril de pétrole stagnait autour des 69 dollars au cours des douze derniers mois, contre environ 41 dollars en 2020. Soit une augmentation générale de presque de 70 %, ce qui a eu un impact indéniable sur les recettes.

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Cours du baril de pétrole en dollar US © Prixdubaril.com

Cours du baril de pétrole en dollar US © Prixdubaril.com

Par ailleurs, les revenus globaux de Sonatrach ont baissé de 34 % en 2020 par rapport à 2019, un constat qui tempère les résultats de 2021. Enfin, le niveau de production des raffineries est resté stable à 27,9 millions de tonnes en 2021, contre 27,8 millions de tonnes l’année précédente.

Un avenir prometteur

Le rebond de 2021 pourrait être prolongé par la reprise de l’économie mondial, mais aussi par les perturbations dans la fourniture d’hydrocarbures entraînée par la crise en Ukraine.

Selon son DG Toufik Hakkar, Sonatrach compte investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans « l’exploration, la production et le raffinage de pétrole, ainsi que dans la prospection et l’extraction de gaz ». Le premier forage de pétrole en offshore est prévu en 2023.

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