Un actionnaire nommé Ben Laden

Publié le 4 février 2003 Lecture : 2 minutes.

«Depuis le déclenchement de la « guerre antiterroriste mondiale », les déclarations de Bush rappellent de bien sinistres souvenirs : soit vous êtes avec nous et donc partisans de la privatisation du monde ; soit vous êtes contre nous et nous vous bombarderons. L’empire américain choisit donc l’affirmation de la suprématie militaire en guise de diplomatie. Conclusion : les dépenses militaires, et donc les profits des sociétés multinationales d’armement explosent. En 2002, les États-Unis ont dépensé plus de 40 % du montant global des dépenses militaires effectuées dans le monde. En 2003, le budget ordinaire du Pentagone s’élèvera à 379 milliards de dollars. L’augmentation demandée et obtenue par le président Bush en 2002 (pour le budget de 2003) s’élève à 48 milliards de dollars, la plus forte augmentation des dépenses militaires intervenues durant les deux dernières décennies. Un aspect particulier du budget militaire pharaonique proposé par George W. Bush a retenu l’attention des commentateurs : l’une des firmes qui profitera le plus immédiatement et le plus massivement des nouveaux crédits est Carlyle Group, une société particulièrement active dans les secteurs de l’armement lourd, de l’aviation de combat et de la communication militaire.

Fonctionnant comme un fonds d’investissement, Carlyle Group détient des parts importantes dans de puissants conglomérats militaro-industriels, comme par exemple Lockheed Martin ou General Dynamics. Ses trois principaux « lobbyistes » (agents d’affaires auprès du Congrès) sont le père du président, George Bush, l’ancien secrétaire d’État James Baker et l’ancien secrétaire à la Défense Frank Carlucci. Grâce à Bush Junior, tous ces intermédiaires gagneront donc prochainement des dizaines de millions de dollars. Paul Krugman, professeur à Harvard, commente : « Toute cette affaire est légale… mais elle pue. »

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Parmi les grands actionnaires de Carlyle Group figurent des princes de la famille royale saoudienne, mais aussi la famille Ben Laden. En avril 2002, un incident cocasse s’est produit dans un grand hôtel de Genève. Carlyle Group organisait un de ses habituels dîners à l’intention des banquiers genevois et de certains de leurs clients triés sur le volet. George Bush père y assistait. Yeslam Ben Laden, demi-frère d’Oussama, se présenta à la porte, arguant de sa qualité d’actionnaire et d’une invitation. Paniqués, les gardes lui refusèrent l’entrée. »

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