TV5 change d’image
Devenir l’espace d’expression naturel de la diversité des cultures du monde, telle est la nouvelle ambition de la chaîne francophone.
Publié le 4 février 2003 Lecture : 2 minutes.
La mutation de la télévision francophone internationale, engagée sous l’impulsion de son ancien patron, Jean Stock, se poursuit et s’accélère. Serge Adda, l’actuel président de TV5, a dévoilé, le 30 janvier, la nouvelle signature de sa chaîne : « Le centre du monde est partout. » La formule, empruntée au philosophe Blaise Pascal, explicite la mission assignée à la chaîne francophone : devenir l’espace d’expression naturel de la diversité des cultures du monde. Un nouvel habillage réalisé par la société Dream On va dynamiser l’antenne et réaffirmer cette vocation. TV5 n’est plus et ne sera plus jamais un « robinet à images », un improbable patchwork d’émissions piochées dans le catalogue des chaînes publiques francophones françaises, canadiennes, belge et suisse romande. C’est maintenant une télévision à part entière, généraliste, mais avec pour colonne vertébrale l’information. Diffusée dans 135 millions de foyers (un chiffre en progression de 18 % par rapport à celui d’octobre 2001), elle est regardée par plus de 11 millions de personnes.
Ses programmes se sont enrichis, et la part des productions propres diffusées sur ses huit signaux va continuer de croître. Des émissions nouvelles animées par des stars du paysage audiovisuel français – Claude Sérillon, Christine Ockrent, Frédéric Mitterrand ou Bernard Pivot – ont été lancées en 2002. D’autres devraient suivre. Mais le changement le plus notable va concerner l’information. Quinze journaux télévisés, réalisés par la rédaction de TV5, seront diffusés quotidiennement, par modules de deux minutes trente et de douze minutes. Trois rendez-vous quotidiens d’actualité, d’une durée de trente minutes, seront en outre fixés aux téléspectateurs, à 4 heures, 14 heures et 22 heures GMT. Le long « tunnel d’informations », la diffusion de journaux français, belges, suisses et canadiens, décrié mais maintenu depuis dix-neuf ans pour des raisons diplomatiques, va enfin disparaître. Et TV5 va renforcer sa présence sur les bouquets satellitaires et les réseaux câblés. Elle vient de réussir une belle percée en Grande-Bretagne, et a augmenté ses abonnements (donc ses recettes) de 82 % aux États-Unis, où la télévision est payante. Et elle devrait être accessible dès avril 2003 aux téléspectateurs japonais.
Selon Serge Adda, toutes ces innovations ont coûté 6,9 millions d’euros, mais elles ont été mises en place à budget constant, grâce à des redéploiements. L’ancien patron de Canal+ Horizons a précisé qu’il était « naturellement » candidat à sa propre succession, son mandat arrivant à expiration fin juin 2003. Adda a été nommé en octobre 2001, en remplacement de Jean Stock. De son propre aveu, il n’a pas « une vocation d’intérimaire » et il « s’inscrit dans la durée ». Le secteur de l’audiovisuel extérieur, dont TV5 est – avec RFI – la vitrine et le navire amiral, est peut-être à la veille d’un grand chambardement. Le président français Jacques Chirac a formulé à plusieurs reprises le voeu de voir se créer une chaîne internationale d’information en langue française, pompeusement baptisée « CNN à la française ». Une chaîne info qui devra trouver sa place dans un dispositif faiblement doté en ressources, mais déjà riche en doublons…
